mardi 7 avril 2009

Et le vainqueur du sommet du G20 est... la Chine

Le Monde - Economie, mercredi, 8 avril 2009, p. 13

Le point de vue de l'agence économique et financière Breakingviews.com

La Chine sort grande gagnante du sommet du G20 et ce à plus d'un titre. La troisième puissance économique mondiale va bénéficier de la plupart des décisions prises au cours de la grand-messe du 2 avril. On peut seulement regretter que les questions de fond n'aient pas été abordées, notamment celle de la correction de certains déséquilibres à l'échelle de la planète.

La plus grande victoire du président Hu Jintao tient au plan mis au point pour relancer le commerce international, qui consacre en particulier 250 milliards de dollars (187 milliards d'euros) au financement des transactions. Tout ce qui est favorable aux échanges mondiaux sert les intérêts de la Chine, dont la gigantesque machine à exporter a été durement frappée par les effets de la crise financière. Un tiers de la croissance chinoise repose sur l'exportation de produits bon marché.

Faciliter le financement des échanges commerciaux ne peut pourtant pas tout régler. La récession qui touche le monde entier est tellement grave que la Chine n'atteindra probablement pas son objectif de 8 % de croissance du PIB. Le tout nouveau plan devrait cependant avoir le mérite d'arrêter les progrès de la gangrène.

La seconde victoire de M. Hu est d'avoir fait entendre la voix de la Chine. La réforme du Fonds monétaire international (FMI), si longtemps différée, va faire passer la part des votes dévolue au pays de 3 % à 3,7 %, en attendant davantage. Mieux encore, la Chine a été la première à esquisser les grandes lignes de ce que pourrait être le monde, une fois le dollar détrôné. Certes, quand Pékin prend la parole, c'est souvent pour remuer de l'air. Mais maintenant, tout le monde écoute.

Ceci dit, le G20 n'a pas avancé sur le dossier qui importe le plus à la Chine : la véritable remise sur pied du commerce international. Alors qu'elle est à la tête d'un excédent commercial colossal, elle exprime le souhait de voir le monde évoluer vers un état plus équilibré, moyennant une période de transition concertée. Elle ne veut ni d'une appréciation excessive du yuan, qui ruinerait ses exportations de biens bon marché, ni d'une dépréciation brutale du dollar. N'oublions pas que la valeur de son portefeuille d'actifs libellés en dollars s'élève à 1 400 milliards.

Les balances commerciales chinoise et américaine ont vu se réduire pour l'une son excédent, pour l'autre son déficit. Mais il est possible que ce soit là des effets secondaires conjoncturels de la crise du crédit, plutôt que les signes d'un rééquilibrage structurel.

Ainsi, le G20 ne corrigera en rien les travers de la Chine. Mais il aura donné à M. Hu le sentiment d'avoir pris de l'importance. Dorénavant, nous devons tous cesser de faire référence au G8 pour désigner le groupe des pays qui comptent dans le monde, et saluer l'avènement du G9.

John Foley

(Traduction de Christine Lahuec)

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