Pékin, qui veut affirmer sa puissance sur les mers, s'est livré hier à une démonstration inédite.
TOUT un symbole. C'est à quelques nautiques près sur le site des épreuves de voile des JO de Qingdao que la République populaire a organisé hier la première revue navale de son histoire. L'affirmation de puissance continue, donc, sur un autre registre. Pour le 60e anniversaire de la création de la marine de l'Armée populaire de libération, des navires chinois qui aiment d'habitude vivre cachés ont défilé devant les officiels d'une trentaine de pays. Avec en vedette deux sous-marins nucléaires, le Longue Marche III et le Longue Marche VI, pour la première fois sortis des profondeurs du secret. En tout, une soixantaine de destroyers, frégates, sous-marins, avions et hélicoptères de la marine chinoise ont participé à cette démonstration inédite.
La parade navale s'est déroulée tout naturellement devant le président Hu Jintao, qui est aussi chef des armées, embarqué sur le destroyer Shijiazhuang. Peu de temps après un accrochage sino-américain en mer de Chine, et pour rassurer les amiraux japonais, indiens et d'autres pays d'Asie, le président chinois a rappelé que « quel que soit son développement, la Chine ne recherchera jamais l'hégémonie ». Certes, mais en attendant, elle entend bien jouer dans la cour des grands.
Il y a quelques jours, toute la presse chinoise a fait grand cas des propos du chef d'état-major de la marine, indiquant que Pékin avait mis « machine avant toute » pour moderniser sa flotte. L'amiral Wu Shengli a annoncé une « nouvelle génération de navires de guerre » et des systèmes d'armes de haute technologie. Sur les carnets de commande, des navires de surface de fort tonnage, des sous-marins furtifs et à long rayon d'action, des missiles de longue portée et plus précis et des avions de chasse de nouvelle génération. En clair, de quoi améliorer les capacités de projection et de frappe à distance.
Le véritable effort porte sur les sous-marins
Depuis quelques semaines, les officiels chinois multiplient les déclarations sur la nécessité « légitime » de se doter de porte-avions. Le premier aurait même été mis en chantier au début de l'année. Pékin envisagerait de se doter à terme de 4 porte-avions (de taille moyenne), les premiers pouvant être opérationnels avant 2015. La Chine a déjà acheté en 1998 à la Russie le vieux porte-avions Varyag, depuis collé au quai mais source d'apprentissage. Un porte-avions sera un indéniable symbole de puissance à travers les mers de Chine disputées, le Pacifique et l'océan Indien. Mais là n'est pas l'essentiel militairement parlant. Des experts estiment que l'agitation verbale autour du porte-avions masque le vrai effort, celui de la flotte sous-marine, seule susceptible d'inquiéter la marine américaine. La marine chinoise posséderait une soixantaine de sous-marins, dont au moins 5 SNA (sous-marins nucléaires d'attaque) et 2 SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d'engins, dont 2 ou 3 autres unités seraient en construction). Ces SNLE ne sont pas encore opérationnels pour des missions de dissuasion. Plus d'une vingtaine de sous-marins seraient en chantier.
La marine est clairement devenue l'élément de l'armée chinoise à moderniser en priorité, avant l'armée de l'air puis celle de terre. Quand des navires chinois ont appareillé pour la mission antipirates au large de la Somalie cet hiver, on y a vu ici le retour à l'esprit de Zheng He, le grand « amiral des mers de l'Ouest » du XVe siècle.
© 2009 Le Figaro. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire