Le terme Occident englobe pour la Chine classique aussi bien l'Inde bouddhiste que l'Occident européen. Son sens - de même que sa coloration - varie selon les circonstances : tour à tour barbare, puissant, civilisé, miroir incontournable, ennemi à abattre, modèle à suivre, ou tout cela à la fois. A l'époque moderne, après qu'il eut forcé sa porte, l'Occident est devenu une véritable obsession pour l'empire du Milieu. Après avoir compris que le repli sur soi était une impasse, la Chine postmaoïste est revenue, malgré elle, sur la voie de l'ouverture vers l'Occident. Comme jadis, la Chine des réformes a commencé par introduire massivement la technologie et l'art du management afin de rattraper son retard industriel. Est venu ensuite le temps du questionnement sur le modèle d'organisation que propose la société occidentale. C'est là que les difficultés ont commencé.
La Chine est impatiente de dépasser l'Occident aujourd'hui comme hier. Elle a du mal à se donner du temps pour digérer le succès de ses efforts matériels. Ces derniers temps, certains auteurs encouragés par l'émergence de la Chine ont tenté de démontrer l'existence d'un modèle d'efficacité qui associerait capitalisme sauvage et dictature politique. D'autres ont réclamé l'avènement du siècle chinois. Le récent livre La Chine n'est pas contente - tout comme La Chine peut dire non (1996) - traduit maladroitement cet empressement. Déclarer la guerre à l'Occident, comme prétendre sauver le monde au nom de la Chine, révèle, de la part des auteurs, l'ignorance de l'histoire chinoise récente et la méconnaissance de la pluralité occidentale et chinoise d'aujourd'hui.
Chen Yan
(Paris)
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