jeudi 19 mars 2009

LE MOT CHINOIS - "Fubai" : Corruption

Courrier international, no. 959 - Asie, jeudi, 19 mars 2009, p. 26

Les deux idéogrammes qui constituent le mot fubai signifient à la fois "corruption" et "pourriture", au sens littéral. En effet, pour la Chine comme pour le reste du monde, la corruption est un fléau qui mine de l'intérieur tout système politique. Ce qui distingue un régime d'un autre, ce sont les moyens utilisés contre ce fléau. Dans un système démocratique, la séparation des pouvoirs constitue la garantie essentielle contre la corruption et l'abus de pouvoir. Dans certains pays asiatiques dotés d'un système politique hybride, le moyen de lutte est une sévère répression légale, ce que le texte ci-contre tente de nous démontrer dans le cas de Singapour.

Mais, malgré la détermination de certains dirigeants chinois comme Wen Jiabao et la multitude des mesures prises contre ce fléau en Chine, la corruption a toujours le vent en poupe. Les sondages confirment régulièrement que la corruption figure parmi les premiers soucis de la population. D'après les chiffres officiels, plus de 5 millions de cadres ont été condamnés pour corruption entre 1978 et 2007. Malgré des campagnes périodiques, la corruption s'aggrave et s'étend chaque année. Parallèlement, corruption et anticorruption sont un sujet permanent et omniprésent dans la propagande relayée par la presse officielle.

On peut considérer légitimement que la cause de ce phénomène paradoxal est l'absence de tout contre-pouvoir en Chine. On peut aussi s'interroger sur la véritable fonction de la propagande et des déclarations d'intention médiatisées. Elles ne sont pas efficaces pour réduire la corruption, mais servent en revanche à montrer avec éloquence la volonté sans faille des dirigeants du Parti de lutter contre celle-ci.


Chen Yan
(Paris)

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