Pour Bernard Accoyer, le déplacement en Chine, du 19 au 26 avril, était le premier séjour à l'étranger de cette importance depuis son élection à la présidence de l'Assemblée nationale, en juin 2007. Un déplacement qui, après une période de refroidissement des relations diplomatiques entre les deux pays, revêtait une importance particulière. Objectif : rétablir un climat favorable aux échanges économiques, industriels et stratégiques. Autant dire que le président de l'Assemblée nationale était dans ses petits souliers...
Clou de la visite : la rencontre, vendredi 24 avril, avec le président chinois Hu Jintao. M. Accoyer était porteur d'un message de Nicolas Sarkozy. Malheureusement, le président de l'Assemblée populaire nationale (APN) chinoise, Wu Bangguo, avait vendu la mèche dès lundi, en annonçant, à l'issue de leur rencontre, l'invitation du président de la République à son homologue chinois, pour une prochaine visite en France, dont était porteur le chef de la délégation française. Pris de court, le président de l'Assemblée nationale faisait savoir que cette annonce lui semblait " anticipée ", tant qu'il n'avait pas transmis " à qui de droit " le pli dont il est porteur. Deux heures plus tard, l'Elysée confirmait l'annonce de Wu Bangguo.
En pénétrant dans le Grand Palais du Peuple, vendredi 24 avril, M. Accoyer est lui-même pénétré de l'importance de sa mission. L'audience avec le chef de l'Etat chinois a été longuement préparée. Il rapporte à Hu Jintao l'invitation de M. Sarkozy à venir en France en cette année de 45e anniversaire de la déclaration du général de Gaulle reconnaissant le nouveau pouvoir chinois. " Je suis extrêmement désireux de le faire ", lui répond son interlocuteur.
Point presse rapide et improvisé dans les couloirs du Palais du Peuple. Cette fois, c'est M. Accoyer qui a la primeur de l'annonce. Il précise donc bien que Hu Jintao viendra en France, " en visite officielle ", avant la fin de l'année. Un temps de suspension et, d'un coup, tous les conseillers se mettent en activité. Urgence : stopper les dépêches d'agence, car le chef de l'Etat chinois est invité pour une " visite d'Etat " et non pour une " visite officielle ", ce qui, en termes protocolaires, n'est pas du même niveau, la visite d'Etat étant le plus haut niveau de réception.
Ces huit jours de déplacement officiel auront été, pour le président de l'Assemblée nationale, une épreuve du feu. Parsemée d'embûches.
A Tianjin, ses propos, à l'occasion de l'inauguration d'un salon aéronautique dans lequel la France est très impliquée, se sont envolés dans le vent à cause d'une panne de micro. Visitant, à Shangaï, le site de la prochaine exposition universelle de 2010, alors qu'il a été reçu avec tous les égards par les autorités chinoises, il est accueilli avec une stupéfiante désinvolture par le responsable du pavillon français, José Frêches, qui ne prend même pas le temps de saluer la délégation française. Ce qui donnera lieu à une sévère explication de gravure.
Il n'empêche, pour M. Accoyer, ce déplacement, sous l'égide de l'ambassade française en Chine, aura été une étape importante.
" C'est du travail. J'ai l'impression de me retrouver à mon concours de médecine ", avoue le docteur en otorhinolaryngologie, reprenant une à une les fiches préparées par les conseillers de l'ambassade. Avant d'ajouter : " Et puis, les problèmes, ils vont reprendre quand on va rentrer ".
Patrick Roger (Pékin, envoyé spécial)
© 2009 SA Le Monde. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire