Les dirigeants du groupe minier anglo-australien ont essuyé hier les critiques de plusieurs actionnaires sur l'accord stratégique signé avec Chinalco en février.
Le nouveau président des conseils d'administration de Rio Tinto se fait fort de convaincre ses actionnaires du bien-fondé de l'accord signé en février avec le producteur d'aluminium Chinalco, propriété de l'Etat chinois. « Si les actionnaires rejettent l'accord, nous aurons assurément un problème et nous devrons bien sûr prendre d'autres mesures », a déclaré Jan du Plessis (PHOTO) aux journalistes présents hier à Sydney lors la seconde assemblée générale de l'extracteur anglo-australien. Nommé à la mi-mars, cet Afrikaner a officiellement pris ses fonctions à cette occasion. Pour éviter un tel camouflet, Jan du Plessis a précisé qu'il rencontrerait plusieurs actionnaires de référence à Londres dans le mois qui vient.
Tout comme son prédécesseur, Paul Skinner, et l'actuel directeur exécutif du groupe minier, Tom Albanese, il fait face aujourd'hui au mécontentement de plusieurs détenteurs de titres Rio Tinto. Ces derniers s'agacent à l'idée de voir la Chine entrer significativement dans le capital de plusieurs sites opérationnels parmi les plus rentables du groupe minier diversifié. Le texte signé le 12 février prévoit l'acquisition par Chinalco de parts minoritaires dans des actifs australiens de Rio pour 12,3 milliards de dollars et la souscription à 2 émissions d'obligations convertibles d'un total de 7,2 milliards de dollars. Sur ce dernier point, les critiques dénoncent les conditions, jugées trop généreuses, dans lesquelles le groupe étatique chinois souscrira aux obligations.
Sensible politiquement, ce partenariat stratégique suscite des réactions parfois hostiles de la part de plusieurs élus australiens. Il nécessite le blanc-seing d'un comité gouvernemental sur les investissements étrangers en Australie. Celui-ci doit rendre sa décision d'ici au mois de juin. Sauf contre-ordre, le vote des actionnaires devrait intervenir en juillet. Dans un environnement économique déprécié, Rio Tinto souffre d'une dette colossale de 39 milliards de dollars. Sur cette somme, l'extracteur est tenu de rembourser 20 milliards de dollars dans les deux années qui viennent. Peu avant l'ouverture de sa première AG à Londres la semaine dernière, l'anglo-australien a annoncé des émissions obligataires pour 3,5 milliards de dollars. L'action a cédé hier 2,06 %.
MATHIEU ROSEMAIN
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