jeudi 16 avril 2009

Les dirigeants de Rio Tinto défendent la solution chinoise - Mathieu Rosemain

Les Echos, no. 20406 - Marchés, jeudi, 16 avril 2009, p. 26

Face à leurs actionnaires, les dirigeants du géant minier Rio Tinto se rangent comme un seul homme derrière les chinois. Réunis hier à Londres pour la première des deux assemblées générales de l'extracteur anglo-australien, ceux-ci ont souligné l'unanimité du conseil d'administration en faveur de l'accord à 19,5 milliards de dollars (14,8 milliards d'euros) signé le 12 février avec le producteur d'aluminium Chinalco, propriété de l'Etat chinois. Ce texte prévoit l'acquisition par Chinalco de parts minoritaires dans des actifs australiens parmi les plus rentables de Rio Tinto pour 12,3 milliards de dollars et la souscription à deux émissions d'obligations convertibles d'un total de 7,2 milliards de dollars.

Nulle mention en revanche des rumeurs sur la préparation en coulisse d'une augmentation de capital de 8 à 10 milliards de dollars pour contrer l'entrée de la Chine dans le capital du groupe anglo-saxon. « Le monde traverse aujourd'hui une période d'incertitudes [...] qui pourrait durer longtemps, a lancé Paul Skinner, le président de Rio Tinto. Un partenariat stratégique qui renforce notre présence sur les marchés chinois et qui nous donne accès à ses capitaux présente beaucoup d'attraits. Nous anticipons que les investissements en Chine prendront de l'ampleur plus tard cette année, grâce aux dépenses publiques dans les infrastructures de transports et dans l'immobilier. » Tom Albanese, directeur exécutif du groupe minier, renchérit : « L'enveloppe [d'investissements] de Chinalco nous offre une protection bien plus importante contre les risques de récession ultérieurs de l'économie mondiale. »

Troisième groupe minier diversifié au monde de par sa capitalisation boursière, Rio Tinto est aujourd'hui pris en tenaille entre une dette abyssale chiffrée à quelque 39 milliards de dollars et la baisse de la demande. L'extracteur s'est engagé à alléger son passif d'environ 10 milliards de dollars avant la fin de l'année. Cette diminution de la dette passe par la révision à la baisse des plans d'investissements et, surtout, par la cession d'actifs non stratégiques récupérés après le coûteux rachat du producteur d'aluminium Alcan en 2007.

Recours aux marchés financiers

Sur ce dernier point, Rio Tinto admet son retard. « Nous regrettons assurément de ne pas avoir été en mesure d'accomplir cet aspect de la transaction dans les temps », s'est excusé Paul Skinner. Et de conclure : « Je pense qu'il est important de reconnaître que l'acquisition d'Alcan [...] a été à l'origine des difficultés financières que nous devons gérer aujourd'hui. » Rio Tinto se trouve ainsi dans l'obligation d'avoir recours aux marchés financiers. Peu avant l'ouverture de son assemblée générale, le groupe a annoncé des émissions obligataires d'un total de 3,5 milliards de dollars (2,7 milliards d'euros). Quasi conjointement, le groupe a publié les chiffres de sa production pour le premier trimestre. Le tonnage de minerai de fer, premier des minerais générés en volume par Rio Tinto, s'est effondré de 15 %. De 37,4 millions au premier trimestre 2007, il est tombé à 31,6 millions de tonnes entre les mois de janvier et de mars 2009.

MATHIEU ROSEMAIN

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PHOTO - Paul Skinner, le président de Rio Tinto (D) et Tom Albanese, directeur exécutif, le 15 avril 2009 / Reuters

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