mardi 7 avril 2009

Pékin tente de pousser le yuan dans le commerce international

Les Echos, no. 20399 - International, mardi, 7 avril 2009, p. 6

Pour réduire la dépendance de son économie au dollar, Pékin a signé six accords d'échange de devises avec des partenaires commerciaux. Les entreprises pourraient se passer de la monnaie américaine dans leurs grands contrats.

A Londres, au sommet du G20, les autorités chinoises n'ont finalement pas réitéré leur inquiétude sur la santé du dollar ni plaidé pour l'émergence d'une nouvelle monnaie de réserve supranationale. Elles n'ont toutefois pas abandonné leur idée de réduire la dépendance de leur économie au tout-puissant billet vert. La semaine dernière, la banque centrale a ainsi annoncé qu'elle avait bouclé un important accord d'échange de devises (ou « swap ») avec l'Argentine. Après plusieurs mois de négociations, les deux pays ont décidé d'échanger, sur trois ans, pour plus de 70 milliards de yuans (10 milliards de dollars) et de promouvoir une ébauche d'échanges n'utilisant pas le dollar américain, qui domine habituellement tous les grands contrats internationaux mais dont les fortes variations inquiètent les entreprises.

Lorsque les détails de l'accord seront validés, la Banque centrale d'Argentine pourrait mettre à disposition de ses sociétés des yuans pour qu'elles négocient directement les factures de leurs marchandises avec les exportateurs chinois dans cette monnaie. Dans le même temps, la Banque centrale chinoise ouvrira, elle, un compte en pesos auprès de son homologue argentine pour faciliter les achats de ses groupes. « Les dollars ne seront plus nécessaire à ce commerce », se réjouissait, la semaine dernière, le « Quotidien du peuple », le journal du Parti communiste chinois, quand les officiels argentins soulignaient, eux, que le nouvel accord leur permettrait surtout de consolider leurs réserves de change.

Flou

Depuis décembre, la Chine a signé au total six accords de « swap » avec des partenaires commerciaux (la Corée du Sud, Hong Kong, la Malaisie, la Biélorussie, l'Indonésie et l'Argentine) impliquant 650 milliards de yuans (95 milliards de dollars). D'autres projets d'échange sont déjà en négociation, notamment en Asie du Sud-Est, où la Chine domine les échanges. « C'est un pas très important vers l'internationalisation du yuan. A terme cela va permettre de stabiliser notre système financier et devrait rapidement doper notre commerce extérieur », explique Zhang Ming, un chercheur de l'Académie des sciences sociales, à Pékin.

Si les économistes suivent de près la multiplication de ces accords, ils pointent le flou entourant encore leur mise en pratique effective et les complexités administratives qu'ils pourraient engendrer dans un système où le yuan n'est toujours pas pleinement convertible et reste étroitement encadré par les autorités centrales. Sans la levée des restrictions sur les comptes de capitaux et un assouplissement du contrôle des changes, ils estiment que toute poussée du commerce en monnaie chinoise restera limitée. « L'émergence du yuan en une devise majeure ne va certainement pas prendre des années, mais des décennies », souligne Ben Simpfendorfer, un économiste de Royal Bank of Scotland.

YANN ROUSSEAU

© 2009 Les Echos. Tous droits réservés.


1 commentaires:

Anonyme a dit…

Très intéressant merci!

Il semble toutefois douteux que l'on abandonne le dollars en tant que monnaie de réserve, comme le démontre cette analyse;
http://www.unmondelibre.org/Lal_monnaie_internationale_110809