Après l'annulation brutale par la Chine d'un sommet bilatéral en décembre dernier, les deux partenaires économiques se retrouvent à Prague aujourd'hui. Ils vont toutefois peiner à annoncer des projets communs concrets.
Officiellement, c'est le sommet de la réconciliation. Il y a six mois, la Chine avait annulé brutalement un sommet bilatéral pour protester contre la rencontre entre le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy, alors à la tête de la présidence tournante de l'Union européenne, et le dalaï-lama. Aujourd'hui, à Prague, à l'occasion d'une nouvelle rencontre particulièrement brève, le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, devrait annoncer que Pékin a pardonné à l'Europe, son plus important partenaire commercial, et est prêt à célébrer un nouveau départ dans leurs relations politiques et économiques.
Nombreux dossiers épineux
Malgré les sourires et les photos de poignées de main, la relance du dialogue entre les deux partenaires s'annonce toutefois laborieuse, tant les dossiers épineux opposant Pékin et les 27 membres de l'Union s'accumulent. « Il semble que les institutions européennes aient un intérêt surtout bureaucratique à reprendre le train des sommets. Du côté de Pékin, il n'y a pas d'attentes particulières puisque la politique européenne à l'égard de la Chine est vue comme presque parfaite tant elle n'est pas coordonnée », résume François Godement, le directeur de l'Asia Centre. Après l'annulation du sommet de décembre dernier, les grands pays européens, qui ont tous des stratégies chinoises distinctes, n'avaient pas réussi à condamner ensemble le geste de colère de Pékin et n'étaient pas parvenus à définir une position commune sur la question tibétaine.
Malgré cette absence de politique commune, José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, et Vaclav Klaus, le président de la République tchèque, dont le pays préside actuellement l'Union, vont tout de même tenter d'obtenir du Premier ministre chinois une plus grande implication de Pékin dans la gestion des grands dossiers internationaux. Ils espèrent ainsi convaincre la Chine de se montrer un peu plus pressante à l'encontre du régime autoritaire birman, qu'elle a toujours refusé de critiquer. Les diplomates européens ont annoncé qu'ils évoqueraient notamment le cas de l'opposante Aung San Suu Kyi, qui risque une nouvelle peine de prison.
Les négociateurs de Bruxelles espèrent également convaincre Pékin de s'engager plus fermement dans la lutte contre le réchauffement climatique, à quelques mois de la Conférence sur le climat de Copenhague. Mais les autorités chinoises attendent toujours les prises de position américaines sur les futures réductions des émissions de gaz à effet de serre avant de dévoiler leurs propres cartes de négociation et ne semblent pas prêtes à céder une quelconque promesse aux Européens.
Rejet du protectionnisme
Très conscient des dissensions européennes qui limitent la définition d'un vrai partenariat stratégique, le Premier ministre chinois devrait, lui, appeler, comme il le fait à chaque sommet international, ses partenaires à rejeter, malgré la sévérité de la crise économique, toute politique protectionniste. Il va aussi demander, sans grand espoir, aux Vingt-Sept d'accorder à son pays le statut d'« économie de marché » qui lui permettrait de mieux se défendre dans les enquêtes antidumping ou antisubvention. Il sait toutefois que ce dossier ne devrait pas progresser à Prague et risque même de se retrouver gelé pour plusieurs mois encore, tant que le futur politique des institutions européennes, qui se joue en partie avec les élections de juin et la mise en place d'une nouvelle Commission, n'est pas clarifié.
YANN ROUSSEAU
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