Selon Eurostat, tous les pays de l'Union européenne ont enregistré l'an dernier un déficit de leur balance commerciale avec la Chine. Au total, les Vingt-Sept ont vu le déficit de leurs échanges atteindre le montant record de 169 milliards d'euros en 2008. La crise pourrait aggraver ces déséquilibres.
Les statistiques du début de l'année sont trompeuses. Elles indiquent une légère baisse du déficit commercial qu'enregistrent les 27 pays de l'Union européenne (UE) avec leur partenaire chinois. Selon les premières estimations diffusées par Eurostat, ce déficit aurait été mesuré sur les mois de janvier et février derniers à 28,1 milliards d'euros contre... 28,3 milliards d'euros sur la période janvier-février 2008. « Cela fait plaisir aux Européens, mais c'est purement un accident conjoncturel qui ne marque pas d'inversement d'une tendance profonde », modère un chercheur qui pointe l'envolée régulière depuis les années 1990 du déficit de l'Union.
Entre 2000 et 2008, les échanges de biens entre les pays de l'Union et la Chine ont plus que triplé en valeur. Les exportations de l'UE vers la Chine sont notamment passées de 26 milliards d'euros en 2000 à 78 milliards l'an dernier, mais, dans le même temps, les importations de marchandises « made in China » ont, elles, été multipliées par trois pour bondir de 75 milliards d'euros à 248 milliards sur l'année 2008. En conséquence, note Eurostat, dans son dernier rapport publié à la veille du sommet de Prague (lire ici), « le déficit commercial de l'UE avec la Chine a fortement augmenté, atteignant 169 milliards d'euros en 2008, contre 49 milliards en 2000 ». Désormais, le déficit européen talonne les volumes record enregistrés par les Etats-Unis, qui ont admis l'an dernier un déséquilibre commercial de 199 milliards d'euros (266 milliards de dollars) avec la Chine.
Tous concernés
Dans son étude, Eurostat démontre que tous les Etats membres de l'Union ont enregistré, l'an dernier, un déficit commercial avec la Chine. « Les déficits les plus importants ont été observés aux Pays-Bas (- 37 milliards d'euros), au Royaume-Uni (- 27 milliards), en Allemagne et en Italie (- 17 milliards chacun) », pointe l'institut. La France, qui est le deuxième fournisseur européen de la Chine, très loin derrière l'Allemagne, a, elle, exporté, l'an dernier vers le géant asiatique, près de 9 milliards d'euros de biens - l'Allemagne en vendait dans le même temps pour 34 milliards - et importé 19,1 milliards de marchandises, pour totaliser un déficit de 10 milliards d'euros.
Marchés peu accessibles
Si Eurostat se garde bien de prédire une quelconque évolution de ces statistiques commerciales, nombre d'experts assurent que l'actuelle crise économique, qui pourrait encourager la pénétration sur les marchés européens des productions chinoises bon marché, va conforter le déséquilibre des balances commerciales européennes. Partageant le même avis, les entreprises européennes installées en Chine pointent, elles, le renforcement de la protection de plusieurs marchés domestiques déjà peu accessibles aux étrangers (télécommunications, finance...). « Comme la crise affecte plus certains membres de l'Union européenne que d'autres, le déficit avec la Chine risque d'alimenter les divisions internes au sein de l'Union et il va être de plus en plus difficile aux négociateurs commerciaux de définir des positions communes dans leurs discussions avec les Chinois », s'inquiétaient même, il y a quelques jours, les chercheurs John Fox et François Godement dans un complet audit de la relation sino-européenne rédigé pour l'« European Council on Foreign Relations ».
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