EN CHINE, une poignée de films grand public profite de la très forte expansion du box-office (+ 27 % entre 2007 et 2008) et draine toujours plus d'investissements. Les films chinois et assimilés dominent un marché protégé par des quotas. Sur les dix premiers films de 2008, sept sont chinois, tous des coproductions. Certains ont été financés par des majors, CJ7, du Hongkongais Stephen Chow, par la Columbia, Crazy Racer, de Ning Hao, par Warner Chine. Feng Xiaogang, le roi de la comédie, a reçu un financement d'Hongkong et Forbidden Kingdom, avec Jet Li et Jackie Chan, a été réalisé en Chine par un Américain, Rob Minkoff.
En mars dernier, les investisseurs se pressaient au Filmart, le marché du film d' Hongkong : le distributeur chinois privé Polybona et le réalisateur hongkongais Peter Chan y ont annoncé le lancement de Cinema Popular, une structure de production dotée de 500 millions de yuans : " Notre but est d'en faire la version chinoise de DreamWorks. En ces temps de crise économique, il y a encore beaucoup d'investisseurs qui veulent investir dans le films chinois ", avait alors déclaré à Variety Yu Dong, le PDG de Polybona.
Cette dynamique de marché, qui a nourri le boom des films d'arts martiaux, commence à porter des projets plus audacieux : Crazy Racer, truculent film de genre de Ning Hao, ou City of Life and Death, de Lu Chuan, sur le massacre de Nankin. Tous deux ont dû batailler pour convaincre la censure et ont été soutenus par le groupe public China Film. En dehors de ces champions du box-office, les réalisateurs qui décident de se plier à la censure pour sortir leurs films en Chine ont plus de mal à se financer : les sorties en salles rapportent peu et les investisseurs providentiels issus de secteurs autres que le cinéma se font rares. Du coup, " on vise davantage des sources de l'industrie, comme les distributeurs et les grosses sociétés de production ", explique Chow Keung, le producteur de Jia Zhangke. 24 City, dernier film du cinéaste, a été financé par le promoteur du projet immobilier que montre le film. Les autres réalisateurs, les jeunes comme Tao Peng (Little Moth) ou les audacieux, comme Lou Ye (Nuit d'ivresse), ne peuvent compter eux que sur les financements de festivals, de fonds de soutien, les ventes à l'étranger et souvent des rallonges personnelles, pour financer des films qui ne sortent pas en Chine...
Brice Pedroletti
© 2009 SA Le Monde. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire