Le secrétaire américain au Trésor entame dimanche sa première tournée officielle en Chine. Il devrait rassurer Pékin sur la valeur de ses placements en dollars.
Les autorités chinoises ont expliqué ne plus pouvoir renforcer trop vite la valeur du yuan de peur de précipiter la chute de leurs exportations.
Timothy Geithner n'arrive pas à Pékin en débutant des affaires chinoises. Le secrétaire américain au Trésor, qui entame ce dimanche sa première visite officielle en Chine, a séjourné longuement dans le pays où il a même fait un peu d'études et peaufiné les cours de mandarin entamé à l'université de Dartmouth au début des années 1980. Diplômé en études asiatiques, c'est un habitué des moeurs politiques et diplomatiques du pays.
Avant même son arrivée, il a confié à l'agence de presse d'Etat chinoise, Xinhua, qu'il ne venait pas affronter le gouvernement sur les dossiers bilatéraux épineux mais espérait plutôt travailler à un renforcement des coopérations pour relancer la croissance mondiale. Selon Xinhua, le secrétaire au Trésor aurait même « clairement » indiqué qu'il n'allait pas s'attarder sur le dossier de l'évaluation du yuan, qui avait obnubilé ses prédécesseurs. « Geithner ne veut pas de gros titres annonçant que la Chine et les Etats-Unis sont en désaccord sur tout », résume Brad Setser, du Council on Foreign Relations.
Marchandises « made in China »
Auditionné en janvier par le Sénat américain, Timothy Geithner avait laissé entendre que l'exécutif américain soupçonnait Pékin de manipuler le cours de sa monnaie. Depuis, ses équipes auraient expliqué que la réponse avait été rédigée par un adjoint et que Washington n'avait pas l'intention de durcir le ton sur ce dossier.
Pour être certaines de ne pas se retrouver une nouvelle fois sur le banc des accusés, les autorités chinoises ont expliqué qu'elles ne pouvaient plus se permettre de renforcer trop vite la valeur du yuan - il a gagné 21 % face au dollar depuis l'été 2005 - de peur de précipiter la chute de leurs exportations. En guise d'avertissement, les autorités monétaires ont ensuite mis en scène une très légère dépréciation du yuan par rapport au dollar. « Mais les messages de la Chine seront aussi probablement amicaux », pointe le professeur Xi Junyuang de l'Université de Shanghai.
Le président Hu Jintao et le Premier ministre Wen Jiabao, inquiets de la baisse du dollar, vont sûrement demander à être réassurés sur la valeur des 1.500 milliards de dollars de réserves de change que la Chine à placé aux Etats-Unis mais ils ne devraient pas trop bousculer Timothy Geithner. Il est l'un de leurs rares avocats à Washington, où les parlementaires, notamment démocrates, menacent de protéger leur marché contre les marchandises « made in china » jugées trop bon marché.
YANN ROUSSEAU
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