Le 1er juin, l'île acceptera les capitaux de la Chine continentale.
BELLE victoire pour Taïwan, lundi dernier à Genève : l'île nationaliste a siégé pour la première fois à l'OMS (Organisation mondiale de la santé) comme observateur, sous le nom de « Taipei, China », ce qu'avait toujours refusé Pékin.
Et le 1er juin prochain, elle franchira une nouvelle étape décisive sur le chemin de la normalisation de ses relations avec le continent, alors que son président, Ma Ying-jeou, fête aujourd'hui le premier anniversaire de son accession au pouvoir.
Conformément à l'accord passé le 26 avril dernier, Taïwan va autoriser les investisseurs de la Chine continentale à acquérir jusqu'à 30 % du capital des sociétés taïwanaises dans pas moins de 99 secteurs de l'industrie, des services et des travaux publics. Seule l'agriculture est exclue, de même que les prises de contrôle complètes sont interdites. Mais la construction, les travaux publics, les équipements pour l'automobile, l'hôtellerie, la restauration, les ports et les aéroports sont concernés.
Cette ouverture provoque la colère de l'opposition. Elle estime que la souveraineté de l'île est en danger et que le gouvernement est en train de vendre Taïwan à la Chine qui la considère depuis 1949, date à laquelle elle s'est séparée du régime communiste, comme l'une de ses provinces. Le week-end dernier, des dizaines de milliers de Taïwanais ont ainsi manifesté dans tout le pays pour protester contre la politique de détente de Ma Ying-jeou.
« Nous avons simplement décidé d'écarter les divergences et d'adopter la diplomatie du pragmatisme », réplique Michel Ching-long Lu, représentant de Taïwan en France. Pékin, d'ailleurs, se montre de son côté très prudent puisqu'il entend limiter les financements autorisés dans l'île à 220 millions de dollars, alors que Taïwan a d'ores et déjà investi 200 milliards de dollars sur le continent !
Favorable à long terme
Cependant la Chine et Taïwan semblent décidés à aller beaucoup plus loin. Ils se sont en effet engagés à collaborer afin d'« assurer la stabilité monétaire » des deux pays et à « ouvrir, à terme, leurs marchés respectifs aux institutions financières », banques et assurances comprises.
Ils ont également décidé de resserrer leurs liens en matière de transport de fret et de passagers. Ils vont, en particulier, augmenter le nombre des vols réguliers reliant les deux rives de 108 à 270, couvrant un total de 27 destinations chinoises et 5 villes taïwanaises. En revanche, les deux gouvernements ne sont pas tombés d'accord pour que Taïpeh puisse desservir des aéroports internationaux à partir d'escales sur le continent chinois.
Cette nouvelle politique sera « favorable à Taïwan à long terme », estime Standard Chartered, tandis que l'institut d'économie de l'Academia Sinica de Taïwan craint au contraire une déstabilisation économique de l'île. Mais pour le moment la Bourse de Taïpeh y est largement favorable. Elle a gagné 13 % en quinze jours et pourrait bondir de 25 % à 50 % d'ici à la fin de l'année, affirment des analystes.
Force est de constater cependant qu'ils pèchent peut-être par excès d'optimisme. En effet, la première offre concrète de China Mobile pour prendre 12 % du capital du taïwanais Far Eastone Telecom a été rejetée par Taïpeh.
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