Après quinze ans d'absence, le cinéaste hongkongais a choisi de revenir en Chine pour tourner une fresque historique en deux parties qui lui tenait à coeur depuis plus de vingt ans.
« En 1986, j'avais déjà essayé de faire ce film, se souvient le réalisateur. Mais, à l'époque, nous n'avions pas réussi à réunir assez d'argent pour financer l'adaptation du livre de Louo Kouan-Tchong*, considéré chez moi comme l'Iliade chinoise. Hongkong était incapable de faire ce type de film à grand spectacle. J'ai donc abandonné l'idée pour un moment
. »
Virtuosité et élégance cruelle
L'intrigue des 3 Royaumes a été resserrée par John Woo à un épisode clé de ce classique de la littérature asiatique : la bataille de la Falaise Rouge. « Je me suis attelé à mon passage préféré, précise John Woo. Je l'aime particulièrement parce qu'il ne met pas uniquement en valeur les personnages, mais également les thèmes de la loyauté, de l'amitié et de l'union, tout en valorisant les stratégies militaires face à l'esprit guerrier convaincu de sa puissance brute
. »
De fait, le film montre bien comment les astuces d'une sorte de petit David sont capables de triompher de la puissance du géant Goliath, dans une fresque épique qui tient un peu du Fort Alamo asiatique. Néanmoins, on retrouve tout de même la virtuosité et l'élégance cruelle d'un John Woo en pleine forme. Il ne manque pas non plus une occasion de faire apparaître ce qui est, depuis ses débuts, sa marque de fabrique : la colombe blanche.
« Comme il s'agit d'un film de guerre, réagit-il sourire aux lèvres, j'ai éprouvé le besoin de temps en temps de prendre un peu de recul. La séquence du vol de la colombe blanche, symbole de paix et de pureté, m'a permis de prendre un peu de hauteur, loin des combats parfois un peu trop terre à terre. Cela vient de mon enfance. J'ai reçu une éducation catholique. Plus tard, au lycée, j'ai même dessiné une colombe blanche pour l'église », avoue-t-il un rien penaud. Voilà donc résolu le mystère des colombes de John Woo !
Autre mystère, celui qui le tient éloigné de Hollywood depuis quelques années. Après quelques revers de fortune (Paycheck et Windtalkers, notamment), John Woo s'est dit « lassé de n'avoir été abonné qu'aux grosses productions un peu grossières. Finalement, j'ai appris qu'il était très dur de tomber sur un bon script... » Grâce au diptyque Les 3 Royaumes, le voilà remis en selle. Ses projets ? Un western arthurien avec Johnny Depp, Caliber, une romance en forme d'Autant en emporte le vent chinois et l'adaptation hollywoodienne d'un de ses films français préférés, Adieu, l'ami (1968), avec Alain Delon et Charles Bronson. Un polar signé Jean Herman (alias Jean Vautrin) ayant pour sujet central l'honneur de deux gangsters. Bref, un sujet en or pour John Woo !
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