Aux côtés de Mitsubishi Heavy Industries et d'Etats du Moyen-Orient, la Chine pourrait elle aussi faire son entrée au capital d'Areva à travers son fonds souverain, China Investment Corp. Des discussions sont en cours.
Aux côtés de Mitsubishi Heavy Industries et de fonds souverains du Moyen-Orient, la Chine pourrait elle aussi faire son entrée au capital d'Areva. Début août, l'état-major du champion nucléaire français a reçu une demande de rendez-vous émanant de cadres du fonds souverain chinois China Investment Corp. (CIC). De passage à Paris, les financiers de Pékin - qui gèrent un portefeuille de 298 milliards de dollars - souhaitaient se faire présenter par les équipes d'Anne Lauvergeon le dossier de vente de la branche transmission et distribution (T & D) du groupe (lire ci-contre), mais surtout évoquer la prochaine augmentation de capital du géant français du nucléaire. Rien n'est encore décidé, mais des discussions sont en cours. CIC pourrait formuler une intention plus précise d'entrée au capital de l'entreprise.
Fin juin, Areva avait annoncé une série de décisions visant à lever jusqu'à 8 milliards d'euros, à commencer par celle d'ouvrir son capital à « des partenaires stratégiques et industriels »à hauteur de 15 %, essentiellement par augmentation de capital. L'idée est de proposer d'ici à la fin de l'année une fraction de son capital - moins de 5 % chacun - à une poignée d'investisseurs. Le japonais Mitsubishi Heavy Industries, avec lequel l'ex-Framatome développe des réacteurs de moyenne puissance, est le premier sur les rangs. Une délégation japonaise doit se rendre la semaine prochaine sur les sites français du groupe. Les autres candidats les plus actifs sont les fonds souverains d'Abu Dhabi et du Koweït, deux pays à qui Areva tente de vendre sa technologie. L'arrivée possible d'un fonds chinois au capital compléterait le dispositif.
Contrat potentiel gigantesque
Très sensible sur le plan politique, cette opération permettrait au champion du nucléaire de consolider sa position en Chine. Il doit couler le premier béton des deux EPR de Taishan ce mois-ci et espère être associé pleinement au développement des réacteurs de troisième génération chinois. Des discussions ont aussi eu lieu sur des projets miniers. En parallèle, Anne Lauvergeon espère entamer prochainement des négociations pour la livraison d'une usine de retraitement. Son groupe doit, pour cela, obtenir le feu vert des deux gouvernements, qui pourrait intervenir en début d'année prochaine, malgré certaines inquiétudes liées au risque de prolifération. Le projet serait gigantesque pour Areva : en 2007, les deux parties évoquaient un contrat potentiel de 15 milliards d'euros.
CIC a signalé récemment qu'il se préparait à rouvrir son porte-monnaie pour profiter de la baisse de valeur de nombreux actifs. Le fonds chinois veut notamment accélérer ses investissements dans le secteur de l'énergie. En juillet, il a reconnu avoir pris 17 % du groupe minier canadien Teck Industries et assuré qu'il se comporterait en « investisseur passif de long terme ». Une précaution « diplomatique » dont le fonds use à chaque percée en Occident pour prévenir l'hostilité des opinions publiques et des décideurs politiques, qui ne voient pas toujours d'un bon oeil l'arrivée au capital de leurs entreprises d'un fonds piloté par le pouvoir chinois.
YANN ROUSSEAU (À PEKIN) ET THIBAUT MADELIN
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