lundi 21 septembre 2009

La Chine s'essaie à la croissance verte - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20513 - International, lundi, 21 septembre 2009, p. 7

La Chine fait des efforts pour évoluer vers une « économie à faible carbone » . Les autorités voient dans les nouvelles technologies propres des relais de croissance permettant de casser la dépendance du pays aux exportations à faible valeur ajoutée.

Aucun des participants du World Economic Forum, qui s'est achevé le week-end dernier à Dalian, n'aura pu ignorer qu'il était transporté sur le site dans des bus et des berlines électriques. A chaque conférence, les officiels chinois ont, en effet, rappelé ce « louable » effort de la municipalité. Redoutant de se retrouver, une énième fois, montrée du doigt dans trois mois, à la conférence sur le changement climatique de Copenhague, lorsqu'elle refusera de valider une réduction rapide de ses émissions de CO, la Chine multiplie les initiatives pour mettre en scène ses efforts de croissance « verte ».

Si elles estiment que les pays développés sont responsables de l'actuel changement climatique et doivent concéder les efforts les plus importants, les autorités chinoises affirment qu'elles se sont, elles aussi, embarquées dans l'aventure de l'« économie à faible carbone ». Pour Wan Gang, le ministre des Sciences et Technologies, ce virage devrait permettre de limiter le réchauffement climatique, mais surtout de créer des relais de croissance dans une Chine qui, en pleine crise mondiale, tente de se réinventer pour casser sa dépendance à son commerce extérieur. « Cette nouvelle demande va permettre de créer de nouveaux emplois », a martelé le responsable.

Programmes urbains

Au 6 étage du centre de recherche de Luming, l'un des leaders chinois de la technologie d'éclairage par leds (diodes électroluminescentes), Bob Liang, le vice-président du groupe, confirme ce nouveau dynamisme du marché chinois. L'an dernier, son entreprise privée aurait généré 1,7 milliard de yuans (249 millions de dollars) de revenus grâce à une hausse de ses ventes dans le pays. A Dalian, où elle est basée, la société a notamment profité des programmes d'installation d'éclairages urbains sponsorisés par le gouvernement central, qui aide financièrement 21 grandes villes du pays à s'équiper de lampadaires dont la consommation de courant serait jusqu'à 70 % inférieure aux traditionnelles lampes à incandescence. « L'an prochain, nous allons augmenter nos ventes à l'étranger », assure le responsable, qui emploie plus de la moitié de son personnel en R&D.

Plus loin dans la « zone high-tech » de la ville, la générosité des pouvoirs publics chinois permet aussi à Sunrise Power d'accélérer le développement de ses véhicules à hydrogène que Pékin compte exhiber, l'an prochain lors de l'exposition universelle. « Nous avons identifié les problèmes économiques et technologiques de cette solution et nous nous sommes donné jusqu'en 2015 pour tous les résoudre », explique Hou Zhongjun, l'un des chercheurs de la société fondée par le constructeur Shanghai Automotive Industry Corp. (SAIC) mais également financée par le gouvernement. Sur le parking du laboratoire, les visiteurs peuvent essayer une petite mobylette à pile à combustible dont la production coûte encore près de 15.000 yuans (2.200 dollars), soit près de dix fois le prix d'un vélo électrique chinois. « Nous savons comment profiter, à grande échelle, des faibles coûts de la production locale et nous sommes convaincus que les opportunités vont bientôt être énormes », souffle le chercheur. Dans un rapport publié la semaine dernière, China Greentech Initiative confirmait qu'en Chine « la taille du marché potentiel des solutions de technologies vertes pourrait atteindre de 500 milliards à 1.000 milliards de dollars par an »,soit presque « 15 % du PIB estimé de la Chine en 2013 ».

PHOTO - Usine d'autobus hybrides au Beiqi Foton Motor Co., Pékin, septembre 2009 / Getty Images

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