Mardi après-midi, une équipe de la Commission de régulation bancaire de Pékin a visité, pendant deux heures, les locaux de l'une des toutes nouvelles agences de la Société Générale dans « la rue de la finance » de la capitale chinoise. Un an après avoir été officiellement « intégrée » dans le pays, la banque française a reçu le mois dernier le droit de lancer des activités de banque de détail en yuans avec la clientèle chinoise mais doit désormais obtenir l'approbation des régulateurs de chacune des villes où elle est implantée. « Si tout se passe bien, nous devrions pouvoir travailler en yuans avec les particuliers dans trois agences du pays avant la fin de l'année », explique Pierre Bonzom, le responsable des activités de « banque commerciale » du groupe dans le pays.
Si elle peut proposer ses produits dans n'importe quelle devise aux entreprises implantées dans le pays, la Société Générale ne pouvait jusqu_alors offrir aux particuliers chinois que des services en monnaies étrangères et avait surtout capté une clientèle hong-kongaise ou taïwanaise intéressée notamment par des dépôts structurés ou des prêts immobiliers pour des appartements de grand standing. « Les licences d'activités en yuans vont nous permettre d'étendre notre activité de manière plus industrielle », insiste le responsable, qui entend tester ses premières agences avant d'ouvrir de nouvelles succursales.
Réseau et savoir-faire
Appâtées par le potentiel du marché chinois et ses 1,3 milliard d'habitants, la plupart des grandes banques du monde cherchent à s'implanter dans le pays mais concentrent leur marketing sur les produits les plus sophistiqués et les populations les plus riches. Incapables de concurrencer sur les activités généralistes les établissements publics locaux qui proposent la gratuité sur presque tous les services de base et disposent d'un réseau gigantesque - HSBC, la mieux implantée des banques étrangères, n'a que 80 agences dans le pays quand ICBCen contrôle 20.000 -, les groupes étrangers cherchent notamment à gérer la fortune des 364.000 Chinois disposant de plus de 1 million de dollars d'actifs.
Pour séduire les grands groupes du pays, les banques étrangères jouent de ce même savoir-faire et de leur réseau à l'international. La Société Générale espère ainsi développer son activité de produits dérivés après la mise en place, au cours de l'été, de nouvelles règles sur ce marché. S'inquiétant des pertes colossales accumulées l'an dernier par plusieurs sociétés d'Etat sur des produits de couverture spéculatifs liés à l'évolution du prix du pétrole, le régulateur veut contraindre ses entreprises à privilégier les produits dérivés classiques et impose désormais aux groupes de traiter avec les banques intégrées localement. « Si cela va desservir certaines banques d'affaires étrangères qui travaillaient surtout depuis Hong Kong ou Singapour, cela peut représenter une opportunité pour nous qui sommes considérés comme un acteur local »,se félicite Pascal Sefrin, le directeur de la division Corporate and Investment Banking en Chine.
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