mardi 8 septembre 2009

Les flambeurs sont de retour à Macao - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20503 - Dernière, lundi, 7 septembre 2009, p. 16

Toutes les exportations de produits « made in China » ne sont pas en chute libre. Depuis le spectaculaire rebond de sa croissance à 7,9 % au second trimestre, la Chine a repris ses exportations de « flambeurs » vers sa « région administrative spéciale » située tout au sud du pays. Les médias de Macao ont ainsi révélé que les casinos du territoire avaient enregistré en août les plus importants revenus de leur histoire. La trentaine de casinos de l'ancienne colonie portugaise auraient vu, le mois dernier, leurs revenus bondir de 17,2 % par rapport à août 2008 pour atteindre un total de 10,6 milliards de patacas (1,4 milliard de dollars). Il faut remonter à janvier 2008, bien avant la crise financière, pour retrouver une performance comparable. A l'époque, les casinos du tycoon Stanley Ho et ceux de ses concurrents américains Wynn et Sands, tout juste débarqués de Las Vegas, avaient raflé 10,34 milliards de Patacas. Ragaillardis par la nouvelle, les titres des différents opérateurs de casinos cotés à Hong Kong comme SJM Holding de Stanley Ho ou Galaxy Entertainment Group, ont bondi.

Très dépendant des flux de touristes chinois, qui représentaient encore au second trimestre 48,6 % de ses visiteurs, le territoire a souffert jusqu'au printemps dernier du brutal ralentissement de la croissance de la troisième économie mondiale. Certains joueurs dépités par l'effondrement de la Bourse de Shanghai en 2008 avaient freiné leurs expéditions dans les casinos de la « région administrative spéciale » qui reste la seule enclave du pays à autoriser les jeux d'argent. D'autres avaient dû se plier aux restrictions sur les visas mises en place l'an dernier par le gouvernement chinois, qui redoutait de voir, en pleine crise, trop d'officiels et d'entrepreneurs aller dépenser sur les tables de black-jack de l'argent illégalement acquis de l'autre côté de la « frontière ». Au premier et second trimestre, les revenus du jeu avaient respectivement reculé de 2,4 % et 12 %, et entraînaient avec eux la croissance du territoire.

Depuis, Pékin a officiellement reconnu la résurrection de son économie. La Bourse de Shanghai est repartie dans une hausse délirante. Le City of Dreams et ses 500 tables de jeux ont été inaugurés. Et les joueurs sont de retour. Les agences de voyage du Guangdong, qui filtrent le nombre de visas accordés aux « touristes » chinois pour passer dans la région administrative spéciale annoncent même un prochain allégement des restrictions sur le nombre de visites. De quoi réchauffer l'enfer du jeu.

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