Les récents propos rassurants sur l'évolution des relations commerciales entre Pékin et Canberra après l'emprisonnement par les Chinois de quatre représentants de Rio Tinto basés à Shanghai sont démentis par les faits. Le groupe minier anglo-australien, cible des attaques de Pékin, vient de suspendre les négociations avec les sidérurgistes chinois pour la fixation du prix annuel en 2009 du minerai de fer. Et ce avec l'objectif précis d'apaiser le différend qui l'oppose aux autorités chinoises sur les agissements de ses hommes de Shanghai accusés d'espionnage industriel et de corruption. La liaison entre l'offensive judiciaire contre Rio Tinto et les négociations sur le prix du minerai de fer n'avait jamais été officiellement évoquée jusqu'ici par le deuxième fournisseur à la Chine de cette matière première de l'acier. Les discussions stagnaient depuis fin juin, depuis que Rio Tinto avait déclaré qu'il n'offrirait pas aux aciéristes chinois un rabais supérieur aux 33 % consentis à ses clients japonais, coréens et taïwanais. L'association des sidérurgistes chinois exige toujours une ristourne supérieure à 40 %.
Commerce appelé à croître
Moins d'une semaine après, Pékin a réagi en mettant sous les verrous Stern Hu, un citoyen australien d'origine chinoise en charge pour le groupe minier anglo-australien des activités dans le minerai de fer en Chine, et trois de ses collaborateurs. Ces tensions faisaient suite à la rupture, par Rio Tinto, de l'accord stratégique avec le holding minier chinois Chinalco, propriété de l'Etat, à la faveur d'une alliance avec son rival BHP Billiton précisément dans le minerai de fer. Entre-temps, le prix au comptant de cette ressource naturelle pratiqué sur le marché intérieur chinois a joué au yo-yo. Après une descente vers les 60 dollars la tonne entre la fin du premier trimestre et la fin du deuxième, il a remonté jusqu'à 115 dollars début août avant de piquer de nouveau du nez pour s'établir aujourd'hui autour des 85-90 dollars. Ce cours est encore sensiblement supérieur aux 61 dollars fixés entre Rio Tinto et les autres sidérurgistes asiatiques. Signe que, en dépit du ralentissement des importations chinoises, la demande de ce minerai reste forte. Conséquence : les aciéristes chinois achètent à leur tour et en ordre dispersé du fer auprès de la société minière à des prix qui ne sont pas inférieurs à ceux remportés par leurs concurrents de la région.
Lors de la présentation de ses derniers comptes semestriels, Rio Tinto avait déclaré que la moitié du minerai de fer livré entre janvier et juin avait été vendu à des clients chinois. Autrement dit, le prix convenu avec les sidérurgistes japonais, coréens et taïwanais constitue bien la référence actuelle pour l'ensemble des acheteurs en dépit de la fière résistance chinoise. Et ce contexte commercial a toutes les chances de durer jusqu'au terme de l'année contractuelle 2009 qui s'achèvera fin mars 2010. C'est en tout cas ce que laisse présager la prévision de la demande de minerai de fer émise par les experts de Macquarie Bank. Pour eux, en 2009, le commerce international de cette ressource naturelle est appelé à croître de 4,5 %, à 886 millions de tonnes, malgré la chute de 31 % de sa fraction qui exclut la Chine. Ce sont donc exclusivement les achats de ce pays qui soutiennent les prix.
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