Al'issue de quatre jours de manifestations violentes à Urumqi, la capitale du Turkestan chinois, le bilan officiel s'établissait, hier soir, à quatre tués et 14 personnes blessées par la police antiémeute. Les autorités chinoises n'ont pas précisé l'identité des victimes, ni dans quelles circonstances exactes elles ont été tuées.
Ces heurts surviennent deux mois après les sanglantes émeutes qui avaient opposé, à Urumqi, les Ouïghours turcophones, musulmans et natifs du Xinjiang, et les Chinois de l'ethnie majoritaire Han. La semaine dernière, ce sont des dizaines de milliers de Hans, drapeaux chinois en tête de cortège, qui ont protesté quatre jours durant pour réclamer la démission du chef du Parti communiste au Xinjiang, Wang Lequan, accusé de ne pas faire assez pour assurer leur sécurité.
Pour calmer les choses, Pékin a annoncé samedi les limogeages de son subalterne, Li Zhi, secrétaire du Parti de la ville, ainsi que celui du chef de la police régionale. «Maintenir la stabilité au Xinjiang est primordial», a sermonné un ministre venu de la capitale, Pékin, à plusieurs milliers de kilomètres de là, pour expliquer la sanction.
Cette série de manifestations violentes a éclaté après une panique déclenchée par de mystérieuses attaques à la seringue qui auraient commencé voilà deux semaines. Le vice-maire d'Urumqi a fait état d'une enquête officielle selon laquelle «ceux impliqués dans les attaques sont de l'ethnie ouïghoure, tandis que les victimes sont de l'ethnie han». Quatre Ouïghours, détenteurs de seringues, auraient ainsi été interpellés.
Plus de 530 habitants d'Urumqi ont affirmé à des médecins avoir été agressés avec des seringues, selon les autorités. Un quart d'entre elles seulement présentait des traces évidentes, dont «des piqûres de moustiques», selon l'agence Chine nouvelle, mais aucune des victimes présumées n'a contracté de maladie et aucune trace de «substances radioactives ni d'anthrax» n'ont été décelées. Une précision qui reflète le degré de psychose ambiante.
Les deux hauts responsables communistes limogés samedi étaient en poste au moment des émeutes du 5 juillet, durant lesquelles près de 200 personnes, essentiellement des Hans, ont été lynchées par des Ouïghours qui ont mis la ville à feu et à sang durant une journée. Depuis, Urumqi a été investi par une nuée de policiers. Tout est mis en oeuvre pour éviter que la violence entre Hans et Ouïghours ne se propage : l'Internet est entièrement bloqué et les communications téléphoniques restreintes.
PHOTO - Wang Lequan, à droite / Reuters
© 2009 SA Libération. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire