Les Echos, no. 20533 - Marchés, lundi, 19 octobre 2009, p. 31
Le Trésor américain a dénoncé les interventions de la Chine sur le marché des changes. Le premier créancier des Etats-Unis diversifie de plus en plus ses réserves hors du dollar. Le yuan devrait bientôt retrouver une légère flexibilité.
Dans son rapport semi-annuel sur l'économie mondiale et les politiques de changes, le Trésor américain critique l'attitude de la Chine. « La rigidité du yuan et l'accélération de la hausse des réserves de changes constituent une préoccupation sérieuse », souligne le document. Le Trésor appelle les autorités chinoises à stopper cette politique afin de « renforcer l'économie mondiale et de la rendre plus équilibrée ».
Depuis juillet 2008, le yuan est stable contre le billet vert. La Chine a mis fin à l'appréciation contrôlée de sa monnaie pour préserver sa compétitivité dans les échanges internationaux. « L'achat de dollars pour stabiliser le yuan se traduit par un accroissement record des réserves de changes chinoises », explique David Deddouche, chez Société Générale. Au troisième trimestre, ces réserves ont atteint le niveau inédit de 2.272 milliards de dollars, soit une progression exceptionnelle de 62 milliards par rapport au précédent trimestre.
De son côté, la Chine, premier créancier des Etats-Unis, a dénoncé à plusieurs reprises les plans de relance et levées de dette colossales de son débiteur. Le rapport du Fonds monétaire international (FMI) pour le deuxième trimestre montre d'ailleurs qu'elle a décidé de fortement diversifier ses nouvelles réserves de changes : Barclays Capital a mis en évidence que la part du dollar était tombée sous 40 % contre 70 % historiquement (mais sur la totalité des réserves, le billet vert reste la devise dominante). Environ 16 milliards de dollars sont vendus chaque mois par la banque centrale chinoise pour mieux équilibrer la composition de ses réserves, estime par ailleurs ING.
Changement d'attitude
Les statistiques sur les flux d'investissement dévoilées vendredi aux Etats-Unis peuvent confirmer ce changement d'attitude : en août, la Chine a réduit l'enveloppe de réserves de changes détenues en obligations d'Etat américaines, à 797 milliards de dollars. Ces données sont toutefois volatiles.
Les spécialistes parient sur le retour à une certaine flexibilité du yuan. En effet, en arrimant sa devise au dollar, la Chine importe, dans une certaine mesure, la politique monétaire américaine de taux très bas. Or l'économie chinoise donne des signes d'amélioration sensibles : le déclin des exportations ralentit, le crédit bancaire repart, l'immobilier aussi. Le spectre de l'inflation n'est donc pas loin et, pour le contrer, la Chine devra laisser le yuan s'apprécier un peu contre le dollar.
L'équipe d'ING estime que les autorités politiques chinoises oeuvrent déjà à la future convertibilité du yuan, en ouvrant un peu plus leurs marchés financiers, en émettant de la dette libellée en devise locale à Hong Kong et à travers leur « lobbying » auprès du FMI. Selon ING, le yuan vaudra 6,62 contre le dollar dans un an. Le taux de change est actuellement à 6,82.
ISABELLE COUET
PHOTO - Zhou Xiaochuan, président de la Banque centrale / Reuters
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