Enquête
Calqué sur le modèle initial du Nasdaq, le nouveau marché ChiNext ouvre ses portes aujourd'hui à Shenzhen.
Pour porter chance aux futurs milliardaires du « Nasdaq chinois », la musique de Superman avait été diffusée en boucle lors de l'inauguration de la nouvelle Bourse chinoise il y a une semaine. Place aux affaires sérieuses aujourd'hui avec l'entrée en activité de ce fameux ChiNext situé à Shenzhen, dans le sud du pays. Réservé aux PME innovantes en quête de liquidités pour accélérer leur croissance, ce nouveau marché se veut dans l'esprit du second marché new-yorkais à ses débuts. Son lancement est l'aboutissement d'une longue histoire. Les Chinois ont tergiversé pendant plus de dix ans sur le projet, échaudés par les ouvertures peu concluantes de seconds marchés à Hongkong et au Japon. Rattachée à la Bourse de Shenzhen, ChiNext opérera de façon indépendante.
Pour l'heure, 28 entreprises ont été retenues mais quelque 150 seraient en liste d'attente. Une douzaine d'entre elles relèvent du secteur des nouvelles énergies ou de l'industrie médicale et pharmaceutique, le restant allant du software aux produits manufacturiers de haute technologie. Quelques exemples de sociétés qui font leurs premiers pas aujourd'hui sur ce marché boursier ? Une SSII, Ultrapower Software, ou Anke Biotechnology, un fabricant d'hormones de croissance.
Cette petite trentaine de start-up a « récolté » au total 15,5 milliards de yuans (1,5 milliard d'euros). Ces levées de capitaux correspondent à 56 fois la valeur de leurs revenus en 2008, alors qu'à la Bourse de Shanghai, les introductions dépassent rarement 35 fois la valeur des revenus de l'année précédente. Pour une société comme Dinghan Technology, qui fabrique des sous-systèmes pour métros, ce ratio monte même à 82.
Sur la place financière chinoise prompte aux folles embardées, le risque a été clairement identifié par les autorités nationales. Ce type de marché est « exposé à des risques plus élevés de manipulation du marché et de transactions erratiques et spéculatives », a reconnu Shang Fulin, président de la China Securities Regulatory Commission. Le jour de l'ouverture de ChiNext, il a ainsi été décidé que les ventes et les achats d'actions seraient bloqués si la valeur chutait ou augmentait de plus de 80 % par rapport au prix initial.
La naissance de ChiNext s'inscrit dans la stratégie de la Chine de développer ses marchés financiers et de faire monter en gamme son industrie, passant d'une production manufacturière sans grande valeur ajoutée à des produits high-tech. Or, la Bourse de Shanghai est dominée par les grandes entreprises d'État, et jusqu'ici les PME chinoises de croissance peinaient à obtenir des crédits bancaires.
Des règles draconiennes
Certains analystes se demandent cependant si ChiNext va pouvoir épauler les très « jeunes pousses » locales compte tenu des strictes règles édictées. Pour accéder au nouveau marché, les entreprises doivent avoir enregistré un bénéfice d'au moins 10 millions de yuans (1 million d'euros) les deux années précédentes et posséder 20 millions de yuans (2 millions d'euros) d'actifs. Ou bien avoir réalisé un bénéfice de 5 millions de yuans l'année précédente, et un chiffre d'affaires de plus de 50 millions avec une croissance supérieure à 30 % sur deux ans. En tout cas, les gros acteurs chinois comme les géants de l'Internet, Baidu, Sina ou Sohu, sont, eux, depuis longtemps cotés au Nasdaq. Le site de jeux vidéo en ligne Changyou.com a ainsi été la première introduction en Bourse de 2009 sur le marché américain.
© 2009 Le Figaro. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire