La géographie mondiale des projets de barrages se déplace. Dans les pays de l'OCDE, exception faite du Canada et de la Turquie, la croissance du parc est faible et les investissements surtout destinés à réhabiliter des équipements et à en allonger la durée de vie. En revanche, les pays à forte croissance économique comme la Chine, l'Inde ou le Brésil multiplient les projets, séduits par les atouts économiques de l'énergie hydroélectrique, qui permet aussi de maîtriser les émissions de CO2. Mais les conséquences sociales et environnementales de ces projets sont parfois problématiques.
Lors de son passage mi-septembre à Paris, pour la réunion ministérielle de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Steven Chu, le secrétaire à l'énergie de l'administration Obama, avait souligné la nécessité de développer aux Etats-Unis un portefeuille d'énergies « équilibré », avec certes du pétrole et du charbon, mais aussi des énergies renouvelables, citant l'hydroélectrique comme un moyen d'obtenir une électricité plus propre qu'avec les combustibles fossiles, avec une régularité et une souplesse d'utilisation plus grande que l'éolien.
Dégâts environnementaux
Ces qualités, ainsi que l'expérience technique et économique éprouvée au fil des décennies, expliquent l'attrait de l'hydroélectricité. Cela explique qu'en 2006, sa part de la production mondiale d'électricité était de 16%, selon l'AIE, constituant l'essentiel des 18% provenant de l'ensemble des énergies renouvelables.
Et après deux décennies de relative stagnation du marché, les projets fleurissent à nouveau. Le regain d'équipement est alimenté par la hausse du prix des énergies fossiles, la nécessité de réduire les émissions de CO2 et les politiques d'indépendance énergétique.
L'essentiel des créations se situe en Asie, notamment en Inde et en Chine. Cette dernière devrait, à elle seule, représenter la moitié de la puissance hydroélectrique supplémentaire installée dans le monde entre 2007 et 2020, selon l'AIE. Des pays comme l'Iran ou le Venezuela, qui disposent d'un savoir-faire ancien dans le domaine, développent aussi leur parc, d'après Bernard Tardieu, consultant et ancien vice-président de la Commission internationale des grands barrages, afin de répondre à la croissance de leurs besoins en électricité tout en continuant d'exporter leur pétrole, source de devises. Le potentiel de développement est d'autant plus important qu'aujourd'hui, note Philippe Cochet, président d'Alstom Hydro, seulement 30% de la capacité hydroélectrique mondiale est exploitée.
Reste que la mise en place de nouveaux projets se fait sous la surveillance accrue des organisations de défense de l'environnement et des administrations publiques. L'impact sur la faune et la flore environnantes et les conséquences sur les riverains et les agriculteurs sont examinées avec d'autant plus de rigueur que des chantiers comme le gigantesque barrage des Trois-Gorges dans le centre de la Chine, sur le Yangtze, ou celui le projet de barrage très controversé d'Ilisu, en Turquie, montrent les dégâts sociaux et culturels que peuvent entraîner certains ouvrages de grande taille.
Bertrand d'Armagnac
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