Le Monde - Economie, lundi, 19 octobre 2009, p. 12
Le plan de soutien à l'économie le plus efficace de la planète, c'est le chinois. Comme le prouve le fer. Votés en novembre 2008, aussitôt dépensés, les 450 milliards d'euros annoncés par Pékin se sont changés à toute vitesse en autoroutes donc en autos, en spéculation immobilière donc en immeubles, en voies ferrées, en canalisations, en installations portuaires, sans parler de l'Exposition universelle de Shanghaï, qui ouvrira ses portes au printemps 2010 et qui sème pas mal d'immeubles et d'infrastructures.
Comme le béton est plus ou moins « armé » d'acier et que l'acier plus ou moins inox est fabriqué obligatoirement avec du fer, la Chine, qui n'en possède pas de très pur, s'est mise à importer ce minerai de toute la planète.
Prouvant un réel découplage par rapport au reste du monde en catalepsie, elle est même la seule à en continuer à en importer à cette cadence. Durant l'année record 2008, elle avait acheté outre-mer 445 millions de tonnes de fer. Au cours des neuf premiers mois de 2009, elle en a fait venir 468 millions. A la surprise générale, en septembre, elle en a importé 64,55 millions de tonnes, soit 65 % par rapport à l'année précédente.
Autant dire qu'avec un appétit aussi gargantuesque, les prix se sont montrés très, très volatils. Au firmament, en juillet 2008, à 180 dollars la tonne, ils sombraient à 58 dollars fin octobre 2008 (- 67 %), puis, grâce aux emplettes de la Chine, reprenaient de la hauteur à 84 dollars (46 % en un an), jeudi 15 octobre.
Tous les analystes, tous les mineurs, tous les sidérurgistes, tous les bâtisseurs, tous les fabricants d'automobiles ou de casseroles se creusent la tête pour savoir si la Chine va continuer à acheter à tour de bras et à pousser les prix vers le haut. « Nous pensons que non, répond Guillaume Perret, directeur de Perret Associates à Londres. Les stocks, qui étaient tombés en janvier à 57 millions de tonnes, ont retrouvé un niveau à peu près normal à 75 millions de tonnes. »
« D'autre part, les usines sidérurgiques chinoises ont augmenté leur production pour alimenter le marché domestique, analyse-t-il, et elles sont revenues à pleine capacité. Mais il n'est pas sûr que le marché puisse absorber leur acier, comme semble le prouver un fléchissement des prix en Chine. Tout est allé un peu trop vite et un réajustement des prix et des tonnages nous semble vraisemblable. »
Ne manque que la date de ce retour au réel.
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