vendredi 23 octobre 2009

Pékin cherche à limiter ses surcapacités industrielles - Marie-Laure Cittanova

Les Echos, no. 20534 - International, mardi, 20 octobre 2009, p. 8

Le gouvernement chinois tente de limiter les gaspillages en termes d'investissements qui pourraient conduire à des surcapacités Industrielles dans certains secteurs.

La Chine a de nouveau lancé hier des initiatives en vue de limiter ses surcapacités industrielles et de diriger ses investissements vers les secteurs qui en ont le plus besoin. La tâche n'est pas aisée car les décisions d'investir reviennent aux autorités locales, qui sont toujours jugées sur leurs capacités à créer des emplois, et font mine d'ignorer les instructions de Pékin. Ainsi, la production d'acier chinois - la première au monde en capacité - est de 600 millions de tonnes par an, mais sur ce total, 58 millions de tonnes ont été installées sans l'approbation de Pékin.

Le gouvernement est préoccupé par les surcapacités dans six secteurs précis : l'acier, le ciment, le verre plat, la chimie tirée du charbon, les polysilicones et les équipements éoliens.

La Chine va ordonner aux banques de ne plus financer de projets relevant de ces secteurs s'ils ne correspondent pas aux critères du gouvernement, a annoncé un communiqué signé de dix ministres et publié sous la houlette de la Commission nationale de développement et de réforme, l'agence de planification chinoise.

Outre les banques, les investisseurs ne seront pas autorisés à financer des projets en levant des capitaux par émissions d'obligations, de bons à court ou moyen terme, d'obligations convertibles ou d'actions.

Le communiqué demande en outre aux gouvernements locaux de surveiller les signes de surcapacités dans l'aluminium, la construction navale et le soja, mais sans soumettre ces secteurs aux mêmes restrictions de crédit.

Spirale de baisse

Alors qu'elle a lancé un plan de soutien de l'économie de 585 milliards de dollars, la Chine cherche à orienter les capitaux en question vers les secteurs qui en ont réellement besoin. Cette optimisation est d'autant plus nécessaire que les surcapacités entraînent les prix et les profits dans une spirale de baisse. Et suscitent chez les producteurs chinois la tentation d'exporter à tout prix leurs excédents, ce qui provoque des « guerres commerciales » aussi bien avec les Etats-Unis, qui ont surtaxé les pneus chinois, qu'avec les Européens, qui cherchent à freiner

l'entrée de chaussures. Le gouvernement préfère orienter les investissements vers le réseau d'infrastructures, le logement social, le développement rural et la protection sociale.

Une certitude : Pékin se donne les moyens d'intervenir sur la qualité de la croissance parce que le pire de la crise est passé et les autorités sont certaines de pouvoir remplir les objectifs de croissance fixés au début de l'année.

MARIE-LAURE CITTANOVA

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