France culture - Chronique international, jeudi 28 octobre
Aujourd'hui, nous allons parlé d'une actualité qui ne se situe pas dans les jours ou dans les semaines, mais peut-être dans les mois voire les années. C'est l'entrée de la Chine dans la grande saga du TVG.
En effet, on sait que les Chinois après avoir longtemps soufferts d'un réseau ferroviaire un peu archaïque, d'avoir acheté leur premier wagon nouveau si l'on ose dire en Allemagne de l'Ouest, les Chinois ont commencé à s'émanciper de cette technologie soviétique. Et on sait déjà que l'année dernière ou plus exactement à la fin de 2007, ils avaient réussi à inaugurer la ligne de chemin de fer la plus en altitude de la planète, un train qui monte jusqu'à Lhassa dans des conditions climatiques absolument inouïes et qui désenclave définitivement le Tibet.
Mais dans les trois années qui viennent, on a compté que pas moins de dix-huit lignes de trains à grande vitesse allaient naître et bouleverser totalement la géographie chinoise. Il faut imaginer en effet que le TVG va permettre aux habitants de Pékin de faire leurs courses à Tianjin, à 120 km de là en moins d'une demi-heure, que des destinations de l'intérieur de la Chine qui mettaient la journée, 8 heures, 6 heures, vont maintenant être atteintes en moins de 4 heures. Donc, que tout d'un coup, la carte de la Chine, cet empire immense, dont on entendait parler de la capitale que de temps à autre lors d'une visite d'un inspecteur d'un mandarin, tout d'un coup, ce pays va rétrécir d'une manière extraordinaire comme nous l'avons connu avec le TGV Méditerranée qui met Marseille et Lyon à porter d'un grand coup de métro de Paris. Le phénomène est en train de se réaliser.
Canton-Hong Kong, 3/4 d'heure.
Shanghai-Wuhan, au centre de la Chine, moins de 3 1/2 heures.
Shanghai-Chengdu, la capitale du Sichuan, la province la plus enclavée, 6 heures.
Ce sont des bonds en avant dont aucun en Chine n'avait eu l'idée. Le problème sera plutôt l'affluence des passagers rendra souvent ces trains engorgés. Il va falloir donc les multiplier, peut-être créer des compagnies rivales. Peu importe, il s'agit d'un bouleversement qui n'est pas seulement un bouleversement technologique, mais un bouleversement géopolitique. Lequel ?
Sans être d'un optimisme béat, on remarquera que l'un des arguments les plus utilisés par les partisans du maintien d'une dictature autoritaire en Chine, d'un pouvoir centralisé fort, c'est l'étendue du pays. On vous va a dit, on vous dira encore, depuis Pékin qu'on a du mal à gouverner avec des procédures démocratiques et parlementaires, un monde aussi vaste et dans lequel très vite, la démocratisation se traduirait par une régionalisation exacerbée, voire par des tentatives de sécession. Et bien, la technologie vient d'enlever beaucoup de validité à cet argument. Dans un monde chinois où désormais l'avion et le train sont en concurrence pour transporter des passagers sur des distances considérables, est-il si vrai que cela que l'on ne peut pas gouverner la Chine sans État autoritaire ? La question est de plus en plus ouverte et elle le sera de plus en plus.
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Il y a 1 an
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