lundi 16 novembre 2009

Alstom accompagne la Chine dans sa conversion au « charbon propre »

Les Echos, no. 20552 - Industrie, lundi, 16 novembre 2009, p. 25

Avant son arrivée hier soir en Chine, le président des Etats-Unis, Barack Obama, a prévenu qu'il allait presser les autorités chinoises de s'engager plus fermement dans la lutte contre le réchauffement climatique. Demain, le président Hu Jintao pourra lui rétorquer que son pays fait déjà beaucoup et qu'il s'est embarqué dans un plan de modernisation de ses centrales à charbon, qui génèrent encore plus de 75 % de l'électricité consommée dans le pays. « La Chine est devenue le plus important marché au monde pour les centrales au charbon modernes intégrant des systèmes de contrôle des émissions de haute qualité »,reconnaissait, il y a quelques mois, l'Agence internationale de l'énergie. « En Occident, on sous-estime souvent la vitesse avec laquelle la Chine s'est convertie aux technologies propres », confirme Philippe Joubert, le président d'Alstom Power, qui pointe la modernité des nouvelles centrales au charbon construites chaque mois dans le pays.

Pour accompagner Pékin dans sa reconversion verte, le groupe français a inauguré en fin de semaine dernière, à Wuhan, au centre du pays, une gigantesque usine de fabrication de chaudières pour centrales thermiques, dont la construction a coûté 100 millions d'euros. « Avec ce site qui vient compléter nos autres centres de fabrication de turbines et de générateurs dans le pays, nous allons pouvoir répondre à des appels d'offres sur toutes les centrales thermiques en Chine »,précise Philippe Joubert.

Pour bénéficier de ce « statut » chinois, le groupe français avait pris le contrôle, au terme d'une complexe OPA lancée en 2007, de 51 % du groupe public domestique Wuhan Boiler Company, qui répondra aux prochains appels d'offres sur les chaudières supercritiques de 600 MW ou ultrasupercritiques de 1.000 MW, réputées les plus « propres » au monde. « Avec la même quantité de charbon utilisée, on peut augmenter de 50 % le volume d'électricité produit », explique Guy Chardon, le vice-président de la division « thermal products » du groupe. « Et naturellement, on réduit de 50 % le volume de CO2 rejeté par unité d'énergie produite », précise-t-il.

Solutions innovantes

La Chine, dont la consommation de charbon est désormais supérieure à celles des Etats-Unis, du Japon et de l'Europe réunis, va dépendre de la houille pendant encore plusieurs décennies pour son électricité. Le pays cherche donc des solutions encore plus innovantes pour réduire ses émissions polluantes. A Pékin, les cadres d'Al-

stom ont rencontré, la semaine dernière, les autorités centrales pour leur proposer des solutions de captage et de stockage de CO2 (CSC), dont ils démontrent déjà l'efficacité dans une centrale de Virginie-Occidentale, aux Etats-Unis. « C'est une solution parfaite pour la Chine, et nous cherchons des partenaires locaux, notamment un producteur d'électricité, pour lancer une centrale de démonstration de grande envergure dans le pays »,explique Philippe Joubert, qui affirme ne pas craindre les résistances liées au coût de ces technologies.

L'installation de structures permettant de capter le carbone et de l'enfouir à des centaines de mètres sous terre propulse, selon les calculs de McKinsey, le prix de l'énergie charbonnière, habituellement très bon marché, au niveau de l'éolien. « Il ne faut pas regarder que la dimension financière de ces projets », soufflait, en mai, Cao Peixi, le président de China Huaneng Group, l'un des plus gros électriciens chinois, qui vient d'inaugurer, à Tianjin, non loin de Pékin, la construction de la première centrale à charbon propre du pays. « Cela représente le futur »,lance le responsable, qui doit recevoir le soutien économique des autorités centrales, lesquelles espèrent négocier des aides financières auprès des pays développés lors du sommet de Copenhague.

YANN ROUSSEAU

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