Officiellement, China Unicom, le seul opérateur chinois autorisé à distribuer l'iPhone en Chine, estime que ses premières ventes du « smartphone » d'Apple sont « assez bonnes ». Hier, le groupe d'Etat, coté à Hong Kong, a confirmé qu'il avait écoulé 5.000 appareils, depuis le lancement officiel de ce portable vendredi dernier. Il a en revanche refusé de commenter la déception des analystes, qui s'attendaient à des ventes de plusieurs dizaines de milliers d'unités au cours du premier week-end sur un marché chinois comprenant 720 millions de détenteurs de téléphone mobile. Lors de son lancement aux Etats-Unis en 2007, l'iPhone avait enregistré des ventes moyennes de 20.000 unités par jour au cours des 200 premiers jours. « C'est une déception », confirmait, hier, dans un rapport à ses clients Gene Munster, un analyste de Piper Jaffray. « Nous pensons toujours qu'à terme la Chine s'imposera comme un marché majeur pour les ventes d'iPhone, mais il va peut-être falloir un an ou deux », a détaillé l'expert, qui, après avoir envisagé des ventes comprises entre un et deux millions en 2010, pourrait revoir ses prévisions à la baisse si les tendances des premiers jours se confirment.
Peu surpris par les débuts difficiles du « smartphone » d'Apple, plusieurs observateurs pointaient, hier, les « grossières erreurs de marketing » de China Unicom, qui semble avoir peu tenu compte de l'existence d'un important marché gris de l'iPhone dans le pays.
Marché gris
Refusant d'attendre un lancement officiel retardé pour des raisons politiques par les autorités de Pékin, près de deux millions de personnes vivant en Chine - chinois ou expatriés - se sont déjà équipées d'un iPhone acheté à l'étranger ou dans l'une des nombreuses boutiques du pays important illégalement des appareils via Hong Kong. Ces téléphones sont vendus, en moyenne, 20 % moins cher que ceux proposés depuis la semaine dernière par China Unicom et comportent l'intégralité des applications et programmes pensés par Apple, quand la version officielle de l'opérateur chinois n'offre, elle, pas d'accès au Wi-Fi, accusé de concurrencer une norme indigène de sécurisation des réseaux locaux sans fil baptisée « Wapi ». « Il est intéressant de voir comment ils vont vendre plus cher un produit moins bon », ironisait, hier, Duncan Clark, le PDG de la société d'études BDA China. S'ils moquent les ratés du lancement de l'appareil d'Apple, les analystes affirment que China Unicom pourrait revoir rapidement sa politique de prix et obtenir des autorités centrales la réintégration de la fonction Wi-Fi pour décourager le développement du marché « gris », qui, lui, va naturellement profiter dans les prochains mois, des grandes campagnes lancées par Apple et Unicom dans le pays.
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