vendredi 6 novembre 2009

INTERNET - Pékin censure le Net et vante son «modèle» - Frédéric Koller

Le Temps - International, samedi, 7 novembre 2009

En
Chine, les murs ne sont pas près de tomber.

S'il affiche volontiers l'assurance de sa puissance retrouvée, le pouvoir «communiste» chinois n'en reste pas moins mal à l'aise lorsqu'il s'agit d'évoquer l'échec de l'idéologie dont il se réclame toujours officiellement. La chute du mur de Berlin et la fin des communismes est-européens et russes sont très peu évoquées dans la presse. Le sujet intéresse pourtant la population. Preuve en est le succès d'un site internet utilisant le relais de Twitter lancé à Berlin dans le cadre des festivités de la chute du Mur afin de partager ses souvenirs.

Celui-ci a vite été pris d'assaut par des centaines d'internautes chinois qui représentaient plus de la moitié de son audience. Avec une cible privilégiée: la censure de Pékin. «Mr Hu Jintao, s'il vous plaît, abattez le grand mur de la censure», écrit un internaute parodiant ainsi la fameuse adresse de Ronald Reagan à Mikhaïl Gorbatchev lancée en 1987: «Abattez ce mur!» La police chinoise du Net n'a pas tardé à intervenir. Le site n'est plus accessible depuis la Chine.

Le Global Times, journal au ton très nationaliste dont une version anglaise existe depuis quelques mois, s'est fendu pour l'occasion d'un éditorial pour défendre la voie chinoise et railler Francis Fukuyama qui avait un peu vite annoncé la «fin de l'histoire» avec le triomphe de la démocratie et de l'économie de marché. «Vingt ans ne suffisent pas pour juger de la signification des événements historiques ou pour savoir qui du capitalisme libéral ou du modèle chinois s'imposera. Mais la Chine est arrivée à un point où il lui faut réfléchir à son propre modèle de croissance et comment aller de l'avant. Les divers modèles qu'elle a suivis par le passé ont montré leurs profonds défauts. La Chine doit trouver sa propre voie.»

Cette «voie chinoise» exclut pour l'heure toute évolution vers la démocratie libérale. Le massacre de Tiananmen, cinq mois avant la chute du Mur, a engagé la Chine vers une autre bifurcation de l'Histoire et continue d'infléchir le cours de son développement. Et son modèle de capitalisme autoritaire est sans doute le principal défi auquel est aujourd'hui confronté le monde occidental.

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