En début d'année, les économistes de la Banque mondiale, surpris par l'impact soudain du ralentissement mondial sur la croissance chinoise, estimaient que le pays allait devoir se contenter d'une hausse de son produit intérieur brut (PIB) de seulement 6,5 % sur l'ensemble de 2009. En juin, impressionnés par la rapidité de mise en oeuvre du plan de relance de 4.000 milliards de yuans (586 milliards de dollars) concocté par le gouvernement, ils avaient revu leur prévision à la hausse et annonçaient une progression de 7,2 %. Hier, lors de la présentation de leurs perspectives trimestrielles, ils ont expliqué que le pays finirait finalement probablement l'année avec une croissance de 8,4 % et devrait voir son PIB bondir de 8,7 % l'an prochain. Malgré la très sévère chute de ses exportations« l'économie chinoise a continué de croître de manière robuste en raison des politiques monétaires et fiscales expansionnistes. L'investissement dans les infrastructures a été un élément clef mais la consommation s'est aussi bien tenue. Plus récemment il y a également eu une reprise de l'immobilier »,explique la Banque dans son étude.
Un véritable rééquilibrage
Si elle loue la générosité des banques du pays qui ont prêté pour plus de 1.270 milliards de dollars depuis le début de l'année, les politiques de soutien à l'achat dans les secteurs de l'automobile et de l'électroménager ainsi que la rapidité des autorités à lancer des grands chantiers, la Banque explique que ces solutions ne peuvent être que provisoires et qu'à moyen terme le pays devra enclencher un véritable rééquilibrage de son économie, qui a prospéré depuis vingt ans sur des exportations bon marché. Du fait de la compétitivité de l'industrie manufacturière locale et du gel de l'appréciation du yuan sur le dollar, « les exportations chinoises devraient retrouver de la croissance en 2010 mais la demande globale va probablement rester terne par rapport à la décennie passée », écrivent les analystes de l'institution qui pointent le très lent redémarrage de la croissance dans les pays développés, clients du « made in China ».
Pour casser sa dépendance à ces commandes étrangères et aux généreuses politiques d'investissement public qui devraient se poursuivre avant un resserrement l'an prochain, la Chine va devoir« obtenir une plus forte croissance de l'économie nationale »et va devoir mettre l'accent sur« la consommation et les services »,a martelé, hier, Louis Kuijs, l'économiste en chef de la Banque à Pékin. Il réclame notamment une accélération de la mise en place d'un système de protection santé dans les campagnes où les familles restreignent toujours leurs dépenses de peur d'être confrontées, seules, sans aucune assurance, à la maladie.
© 2009 Les Echos. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire