L'actualité minière mondiale ne connaît, ces temps-ci, qu'un seul grand protagoniste : la Chine. L'activisme dont font preuve les entreprises chinoises correspond à un besoin fondamental du pays, celui de s'emparer de ressources naturelles essentielles pour son développement industriel. Pour des raisons de proximité géographique, les riches gisements australiens. En dépit du système de défense mis en place par Canberra, l'offensive de Pékin s'intensifie chaque jour davantage. Hier encore, l'un des aciéristes chinois, Wuhan Iron & Steel, a obtenu le feu vert du gouvernement australien pour prendre une participation de 60 % dans la coentreprise chargée de développer un projet minier en association avec le petit producteur local de minerai de fer Centrex Metals et, dans la foulée, d'acquérir 12,9 % du capital de ce dernier. Prix de l'opération : 271 millions de dollars australiens (166 millions d'euros).
C'est le sixième investissement direct chinois dans les mines autorisé par Canberra ces trois dernières semaines. Le point d'orgue de cette dernière série a été l'autorisation délivrée au rachat de Felix Resources par Yanzhou Coal. Une opération à 3,5 milliards de dollars australiens. L'agence fédérale chargée de superviser les investissements étrangers directs en Australie a déclaré, le 22 octobre, qu'elle devait s'exprimer sur 40 demandes concernant des actifs miniers. La plupart d'entre elles émanent de sociétés chinoises. Le bras de fer diplomatique entre les deux pays sur les employés de Rio Tinto emprisonnés début juillet à Shanghai, qui a fait suite à la rupture du partenariat stratégique entre ce groupe anglo-australien et le holding minier étatique Chinalco, n'a pas dissuadé Pékin de poursuivre ses objectifs australiens. Les Chinois ont juste affûté leur stratégie, en choisissant des cibles de taille nettement plus réduite et en offrant leurs capitaux et leurs services à des firmes qui éprouvent des difficultés de financement.
Deux conditions préférentielles
De son côté, l'Australie a défini une politique globale vis-à-vis des visées chinoises. Canberra assure traiter sur un pied d'égalité cet encombrant mais ô combien précieux partenaire et les investisseurs d'autres pays. Toutefois, le gouvernement australien n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat et à faire échouer ou à faire modifier en profondeur des transactions lorsque les intérêts nationaux lui semblent menacés. Les décisions australiennes dépendent pour beaucoup du respect de deux conditions préférentielles : les investissements étrangers dans des gisements ne doivent pas dépasser, en règle générale, 50 % des parts ; les prises de participations d'acteurs de premier rang de l'industrie extractive ne doivent pas dépasser 15 % du capital total.
MASSIMO PRANDI
PHOTO - Li Keqiang et Kevin Rudd, le 30 octobre 2009 / Getty Images
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