jeudi 19 novembre 2009

Le directeur du FMI presse Pékin de réévaluer le yuan - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20554 - International, mercredi, 18 novembre 2009, p. 8

Dominique Strauss-Kahn redoute que la dynamique de réforme du système monétaire international ne s'étiole une fois la crise économique mondiale passée. Il réclame une réévaluation du yuan.

Si Barack Obama s'est gardé de toute déclaration agressive sur la monnaie chinoise, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a, lui, multiplié, hier, les déclarations appelant Pékin à accepter de revoir sa politique de change et à se montrer plus responsable sur la scène monétaire internationale.« Au FMI, nous croyons fermement que le yuan est sous-évalué et qu'il n'est pas seulement dans l'intérêt de l'économie globale, mais également dans l'intérêt de la Chine de procéder à une réévaluation de sa monnaie », a martelé le responsable, qui a, pendant deux jours, expliqué son point de vue aux cadres du pouvoir chinois. Après avoir laissé, entre 2005 et 2008, la valeur du yuan progresser de 21 % par rapport au dollar, Pékin a « réaccroché » il y a dix-huit mois le cours de sa devise à celui du billet vert - 1 dollar vaut actuellement 6,83 yuans - pour ne pas risquer, en pleine crise économique mondiale, un renchérissement de ses exportations. « Il est temps maintenant pour la Chine, qui a accumulé beaucoup d'avantages grâce à sa monnaie sous-évaluée de regarder plus en avant vers l'investissement et une stabilité de long terme qui implique de se débarrasser de cette distorsion qui a un coût pour d'autres secteurs de l'économie », a martelé Dominique Strauss-Kahn. Selon lui, une monnaie chinoise plus forte permettrait de casser la dépendance du pays aux exportations, renforcerait le pouvoir d'achat des ménages chinois et faciliterait la transition vers une croissance axée sur la consommation intérieure.

Une monnaie internationale

En enclenchant cette réévaluation, la Chine prouverait qu'elle tient son rôle de « grand acteur » du système international, a expliqué le directeur du FMI, qui a plaidé, comme le fait régulièrement Pékin, pour l'émergence d'une monnaie internationale de référence stable, telle que les DTS (droits de tirage spéciaux). L'idée d'une introduction du yuan dans le panier de composition des DTS « est quelque chose qui irait dans la bonne direction », a même affirmé Dominique Strauss-Kahn, tout en rappelant qu'une telle évolution impliquerait toutefois une totale convertibilité de la monnaie chinoise.

Le directeur du FMI ne cachait pas aussi son pessimisme sur la réforme du système monétaire international.« Nous devons agir maintenant car si un consensus pour le changement s'était imposé en pleine crise lors du G20 de Londres, l'élan politique est aujourd'hui plus faible, avec les signes de reprise, et il sera bientôt trop tard pour changer quoi que ce soit », s'est-il inquiété.

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