Tokyo remet en cause la présence militaire américaine sur l'Archipel.
C'est une visite à haut risque que va effectuer Barack Obama au Japon. Le président américain est attendu vendredi avec appréhension tant les sujets de mésentente se multiplient entre Washington et l'archipel, souvent qualifié de meilleur allié de l'Amérique depuis soixante ans. Principal motif de courroux : la sempiternelle querelle sur les bases militaires américaines d'Okinawa (extrême-sud du Japon).
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la moitié des 47 000 soldats américains chargés de protéger le Japon sont concentrés à Okinawa. Cet archipel, rendu au Japon en 1972, a des allures de colonie. 20 % de son territoire est sous contrôle de l'armée américaine. À une encablure de Taïwan et de la Chine continentale, Okinawa est, il est vrai, un lieu stratégique idéal pour couvrir les coins chauds de la région. C'est d'Okinawa que décollaient les bombardiers vers le Vietnam dans les années 1960.
Après le viol d'une jeune fille de 12 ans par trois soldats américains en 1995, les deux gouvernements étaient tombés d'accord pour alléger la présence américaine sur ce territoire. Les deux pays se sont finalement mis d'accord onze ans plus tard, en 2006, sur le déménagement de la très bruyante base de Futenma et le rapatriement d'une partie du contingent américain sur l'île de Guam, sous souveraineté américaine.
Colère américaine
En février dernier, Hillary Clinton est venue parapher avec le précédent premier ministre du Japon, Taro Aso, une feuille de route qui avalisait le projet de 2006. Mais l'arrivée au pouvoir d'un parti d'opposition au Japon en août dernier, pour la première fois depuis 1955, a compliqué la donne. Le Parti démocrate du Japon (PDJ) a martelé qu'il voulait une relation d'égal à égal avec Washington, ce qui signifiait notamment la remise à plat des discussions sur l'avenir des bases américaines d'Okinawa. Depuis, le gouvernement japonais semble ne pas savoir sur quel pied danser. Le ministre des Affaires étranges Katsuya Okada se prononce pour le déménagement de Futenma dans une autre base aérienne d'Okinawa, Kadena. Le ministre japonais de la Défense, lui, plaide en public pour une autre solution, tandis que le premier ministre refuse de se prononcer pour l'instant.
Côté américain, la colère est palpable. Le secrétaire d'État à la défense Robert Gates a averti que l'accord de 2006 était non négociable. Quant à Barack Obama, il plaide l'apaisement. Les Japonais « en viendront à la conclusion que notre alliance et l'accord conclu sur les bases (américaines) servent les intérêts du Japon et se poursuivront », a-t-il déclaré. Reste à en convaincre les principaux intéressés : les Nippons.
PHOTO - À l'occasion de la visite du président Obama, une compagnie fait sa promotion de masques. Ici, Michelle Obama et Miyuki Hatoyama / Reuters
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