EXTRAIT :
Pour Michel Sidibé, " les nouvelles données montrent que le visage de l'épidémie se transforme. Les programmes de prévention doivent être adaptés en conséquence. En Chine, où l'épidémie prédominait auparavant parmi les usagers de drogues, 72 % des contaminations ont à présent lieu lors de rapports sexuels : 32 % au cours de rapports homosexuels et 40 % hétérosexuels. Il faut cibler aussi cette population. "
INTÉGRALITÉ :
Le virus du sida infecte 7 400 personnes par jour, dont 1 200 enfants
L'Onusida a rendu public, mardi 24 novembre, son rapport annuel sur l'état de la pandémie de sida. Plus de 33 millions de personnes dans le monde vivaient avec le virus du sida (virus de l'immunodéficience humaine, VIH) à la fin de l'année 2008. Deux millions de porteurs du virus sont décédés tandis que 2,7 millions de nouvelles contaminations se sont produites cette même année. Ces chiffres sont identiques à ceux de l'année 2007, ce que les optimistes interpréteront comme une stabilisation globale de l'épidémie et les pessimistes comme une incapacité à la faire régresser.
Le rapport de l'Onusida mesure le chemin parcouru depuis 2001, année où les Nations unies ont fait une Déclaration d'engagement pour lutter contre le VIH-sida. " Depuis 2001, les investissements réalisés ont produits des résultats, avec une baisse globale de 17 % des nouvelles infections. Cette baisse a été de 15 % en Afrique subsaharienne. Le nombre de personnes vivant avec le VIH s'accroît car elles vivent plus longtemps grâce aux traitements ", déclare son directeur exécutif, Michel Sidibé. L'Onusida estime que depuis l'arrivée des trithérapies en 1996, les médicaments antirétroviraux ont permis de sauver 2,9 millions de vie.
L'Afrique subsaharienne continue d'être, et de très loin, la région du monde la plus touchée : 22,4 millions des personnes vivant avec le virus s'y trouvent. Un chiffre en légère augmentation sur celui de l'année précédente (22 millions), alors que celui des décès régresse plus lentement (1,4 million de décès contre 1,5 million en 2007).
Le nombre d'enfants de moins de 15 ans séropositifs ne change pas : 1,9 million en Afrique subsaharienne. Mais, celui des enfants du même âge nouvellement infectés en 2008 est en augmentation dans cette partie du monde : 390 000 en 2008, contre 330 000 en 2007.
L'accroissement des nouvelles infections chez les moins de 15 ans en Afrique par rapport à 2007 soulève la question de l'efficacité des actions de prévention. " Il faut renforcer les programmes de prévention de la transmission de la mère à l'enfant ", insiste Michel Sidibé, qui veut aussi développer davantage les programmes en direction de ces jeunes.
Paradoxalement, alors que l'ensemble Europe de l'Est et Asie centrale connaissait l'épidémie ayant le plus fort taux de croissance, les données sur les nouvelles infections restent stables (110 000 nouvelles infections en 2008, comme en 2007). Cela ne doit pas cacher l'augmentation des nouvelles infections en 2008 chez les enfants de moins de 15 ans : 3 700 contre 3 200 en 2007.
Discriminations
L'Onusida rapporte l'ampleur de l'incidence de l'infection par le VIH : plus de 7 400 nouvelles contaminations se produisent chaque jour et sur ce total, quotidiennement 1 200 enfants sont infectés. Dans 97 % des cas, les nouvelles contaminations se produisent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Sur les 6 200 infections se produisant chez les plus de 15 ans, 48 % concernent des femmes (50 % en 2007) et 40 % affectent les 15-24 ans (45 % en 2007).
Pour Michel Sidibé, " les nouvelles données montrent que le visage de l'épidémie se transforme. Les programmes de prévention doivent être adaptés en conséquence. En Chine, où l'épidémie prédominait auparavant parmi les usagers de drogues, 72 % des contaminations ont à présent lieu lors de rapports sexuels : 32 % au cours de rapports homosexuels et 40 % hétérosexuels. Il faut cibler aussi cette population. "
Enfin, le directeur exécutif de l'Onusida souligne l'importance de lutter contre la stigmatisation et les discriminations, notamment entretenues par des lois homophobes : " Le sida, c'est l'épidémie des inégalités. Les groupes les plus vulnérables, n'ayant ni les ressources, ni l'accès à l'information, constituent les premières victimes ".
Paul Benkimoun
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