mardi 24 novembre 2009

330 000 personnes vont être déplacés par un projet d'acheminement d'eau vers Pékin

Le Monde - International, mercredi, 25 novembre 2009, p. 5

Le deuxième plus vaste projet de déplacement de population après celui du barrage des Trois-Gorges est en cours, vient de confirmer l'agence de presse
Chine nouvelle. En tout, 330 000 personnes vivant sur le tracé du canal de 1 300 kilomètres, censé apporter de l'eau depuis le réservoir de Danjiangkou, dans la province du Hubei, jusqu'à Pékin seront déplacées dans les années à venir.

Le projet, dit de détournement des eaux du sud vers le nord, est déjà lancé, puisque la section de canal la plus proche de la capitale, dont la construction a commencé en 2004, a été achevée pour les Jeux olympiques de Pékin. Mais la date initiale de fin des travaux avait été repoussée de 2010 à 2014, en raison des défis posés par le déménagement des populations et leur indemnisation dans un délai aussi court.

Le canal part de la province du Hubei, dans le centre de la Chine, puis traverse la province très peuplée et pauvre du Henan sur plusieurs centaines de kilomètres. Zhang Jiyao, le haut fonctionnaire responsable du projet, a toujours promis que les problèmes rencontrés par les populations déplacées du barrage des Trois-Gorges ne se reproduiraient pas. La province du Henan a aussi prévu de lier la notation de ses fonctionnaires aux résultats obtenus dans l'effort de déplacement des populations.

Malgré les engagements officiels de transparence, peu d'informations filtrent sur les détails de l'opération. Une dizaine de milliers de personnes ont déjà été déplacées, cet été, dans le Hubei. Dans le Henan, près de 27 000 résidents du centre-ville de Jiaozuo, la seule ville à être traversée par le canal, ont commencé en avril les préparatifs de déménagement. La plus grande partie de la population à transférer, 200 000 personnes, vit toutefois dans le canton de Xichuan, l'un des plus pauvres de la province, et les autorités locales ont du mal à trouver des terres de remplacement. Comme pour le barrage des Trois-Gorges, aucune ONG chinoise ou étrangère n'est autorisée à opérer sur place, et les médias chinois n'ont publié aucun reportage indépendant.

BRICE PEDROLETTI

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