Depuis la construction du barrage des Trois-Gorges, la sécurité et l'impact de ces grandes infrastructures sur les fleuves et les écosystèmes sont une question récurrente en Chine. D'abord, parce que le pays abrite près de la moitié des plus grands barrages de la planète. Mais aussi parce que les Chinois exportent leur savoir-faire et sont devenus en une décennie les premiers constructeurs dans le monde. Les grands barrages et l'hydroélectricité représentent pour eux un enjeu économique et géopolitique majeur.
Les Chinois sont présents dans une trentaine de pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud. Le plus souvent, ils financent eux-mêmes une bonne partie des projets, ce qui leur donne en échange accès aux ressources minières de ces pays. « Là où la Chine construit de nouvelles installations, les gouvernements locaux et une partie de la population perçoivent l'hydroélectricité comme une énergie propre et renouvelable », souligne le Wall Street Journal. Après une éclipse durant les années 1990 sous la pression des écologistes, l'hydroélectricité est revenue en grâce avec la nécessité de limiter les émissions de gaz à effet de serre. La Banque mondiale a d'ailleurs repris ses soutiens financiers à l'hydroélectricité.
Affaissement des deltas
Les projets sont nombreux. La firme Sinohydro a signé plusieurs contrats pour la construction de barrages au Laos, en Équateur, en Thaïlande. Au début du mois, les chefs d'État du Mali et du Sénégal ont posé la première pierre de la centrale hydroélectrique que l'entreprise va édifier à Felou, au Mali. Ghezouba, un autre poids lourd de l'hydroélectricité, construit au Pakistan et au Nigeria. Les Chinois sont également très actifs en Asie du Sud-Est, où, selon le Wall Street Journal, une vingtaine de firmes sont impliquées dans plus de cinquante projets. Leur présence dans des pays comme la Birmanie ou le Soudan, où les droits de l'homme sont bafoués, est la cible de nombreuses critiques.
L'installation de grands barrages sur les milieux naturels continue d'être dénoncée. Une étude récente montrait que vingt-huit des trente-trois plus grands deltas du monde sont en train de s'affaisser et sont directement menacés par la montée des eaux due au réchauffement climatique (Nature Geoscience, 20 septembre 2009). Un affaissement provoqué notamment par les barrages, qui bloquent l'apport des sédiments.
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