vendredi 27 novembre 2009

L'Europe demande à la Chine de décrocher sa monnaie du dollar

Les Echos, no. 20561 - International, vendredi, 27 novembre 2009, p. 7

Jean-Claude Trichet, Joaquin Almunia et Jean-Claude Juncker seront dimanche à Nankin pour demander au Premier ministre chinois, Wen Jiabao, la fin de l'arrimage du yuan sur le dollar.

ALEXANDRE COUNIS

Les responsables monétaires de la zone euro remontent au créneau. Deux ans après s'être rendus une première fois en Chine pour demander qu'elle laisse sa monnaie s'apprécier le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet, le commissaire aux Affaires économiques et monétaires Joaquin Almunia et le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker refont le voyage. A la veille du douzième sommet Chine-Union européenne, ils seront dimanche à Nankin pour y rencontrer le Premier ministre chinois Wen Jiabao et le gouverneur de la Banque Populaire de Chine Zhou Xiaochuan. L'objectif ? Réclamer la fin de l'arrimage du yuan sur le dollar, décrété par les autorités chinoises à l'été 2008, qui maintient la monnaie chinoise à un niveau artificiellement bas.

Résorption des déséquilibres

Entre 2005 et 2008, le yuan s'est apprécié d'environ 20 % vis-à-vis de la monnaie américaine. Depuis le retour à un arrimage fixe à un dollar faible en juillet 2008, il a vu son taux de change effectif reculer de 9 % depuis mars 2009. Les trois dirigeants européens redoutent qu'un euro si fort vis-à-vis du yuan ne pèse dangereusement sur les exportations européennes, au risque de freiner la reprise économique dans l'Union. A plus long terme, ils souhaitent que la Chine prenne toute sa part à la résorption des déséquilibres expliquant en partie la crise économique actuelle. Ce qui passe par l'adoption d'un taux de change reflétant l'état réel de son économie : cela lui permettrait de rééquilibrer sa croissance en augmentant le poids de sa consommation interne, mais aussi de réduire son inquiétant excédent commercial. Tout plaide selon eux pour un yuan fort : la Chine a accru sa part de marché mondiale au cours de la crise, sa croissance reste forte et sa banque centrale continue d'accumuler des réserves de change massives.

Mais l'Europe n'a pas plus de chances d'être entendue que le président américain Barack Obama la semaine dernière. Du moins dans l'immédiat. Pas question pour la Chine de laisser le yuan s'apprécier tant que l'inflation ne constitue pas une menace et que les exportations continuent de baisser -elles reculent encore de 14 % par rapport à l'an dernier. Pour les Chinois, l'ancrage du yuan sur le dollar est une réponse à la crise. Mieux : c'est un gage de stabilité pour l'économie mondiale.

Faire passer le message

Certes, la Banque Populaire de Chine a bien montré, ces dernières semaines, qu'elle serait disposée à retourner progressivement vers un renchérissement du yuan. Mais la Chine se garde bien, à ce stade, de s'engager sur une date. Peu importe, les trois dirigeants de la zone euro veulent surtout faire passer le message. Quand sera-t-il suivi d'effet ? « Nous sommes suffisamment raisonnables pour comprendre qu'en deux mois ce serait infaisable, indiquaient ces derniers jours des sources européennes à l'agence « Reuters ». Mais assez déterminés pour expliquer qu'un délai de deux ans serait trop long » .

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