Malgré les pressions des Etats-Unis et de l'Union européenne, le gouvernement chinois ne semble pas envisager d'appréciation significative de sa monnaie.
Il y a dix jours, le président Barack Obama est reparti de Pékin bredouille. Au cours de ses trois journées d'entretiens avec les autorités communistes, il n'a pas réussi à obtenir la moindre promesse d'un changement de la politique monétaire chinoise. Ce week-end, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet (PHOTO), le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker et le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Joaquin Almunia vont rencontrer les mêmes responsables politiques et tenter, à leur tour, d'obtenir l'engagement d'une relance du processus d'appréciation du yuan, dont la sous-évaluation supposée avantagerait la pénétration des productions chinoises sur les marchés occidentaux. Après s'être apprécié, en terme nominal, de 21 % par rapport au dollar entre juillet 2005 et l'été 2008, le yuan a vu l'évolution de son taux de change « raccrochée » à celle du dollar qui a, lui, plongé par rapport à l'euro.
Compétitivité des entreprises
Comme il l'a dit à Barack Obama, le Premier ministre Wen Jiabao devrait rétorquer aux responsables européens que la croissance domestique, qui va atteindre les 10 % au quatrième trimestre, n'est pas encore assez « solide » et « stable » pour encaisser une forte réévaluation de sa monnaie.
Si la Chine sait qu'un yuan plus fort serait dans une certaine mesure favorable à son économie - réduction du coût des importations de matières premières, hausse du pouvoir d'achat de sa population_ -, elle ne veut toujours pas risquer de mettre en difficulté ses exportateurs qui ont déjà beaucoup souffert, depuis l'éclatement de la crise, de l'effondrement de la demande mondiale pour les produits « made in China ». Sur les dix premiers mois de l'année, les exportations chinoises ont reculé, en glissement annuel, de 20,5 % et des milliers d'entreprises ont fait faillite. Plus que l'évolution de son taux de change nominal avec telle ou telle monnaie, Pékin guette plutôt l'évolution de son taux de change effectif réel - un taux qui intègre la structure du commerce de la Chine ainsi que le rythme d'inflation des différents partenaires du pays -qui prend mieux en compte l'état de la compétitivité de ses entreprises sur la scène mondiale. « Alors que le taux de change nominal du yuan pourrait connaître peu de mouvement dans l'année qui vient, l'ajustement de certains prix pourrait aider à l'appréciation du taux de change réel » , pointait, hier, Tao Wang, l'économiste d'UBS à Pékin, avant d'indiquer que la récente hausse de 5 % du prix de l'électricité facturée aux entreprises chinoises pourrait ainsi avoir tout autant d'impact pour le commerce mondial qu'une évolution du taux de change avec le dollar.
RICHARD HIAULT
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