Irréprochable à l'étranger, l'ex-premier ministre défend sa « liberté » en France.
Les drapeaux américains flottaient encore place Tiananmen, mercredi, quand Jean-Pierre Raffarin est arrivé à Pékin. L'ex-premier ministre n'a pas croisé Barack Obama, qui terminait son périple, mais il a été beaucoup question des États-Unis dans ses échanges avec les officiels chinois. Tous des interlocuteurs de haut rang, comme le premier ministre Wen Jiabao, ou le vice-premier ministre Li Keqiang, et tous de farouches partisans de la « gouvernance multipolaire ».
D'où les marques de considération auxquelles a eu droit le visiteur français, dont le déplacement s'inscrivait dans le programme de sa fondation Prospective et innovation. Wen Jiabao a affirmé qu'il ne voulait pas d'un « G2 » sino-américain. De quoi donner corps au rêve de Jean-Pierre Raffarin d'une relation nouvelle entre la Chine et l'Union européenne, qu'il appelle « Eurochine ». Il a ainsi proposé aux dirigeants chinois de profiter de la conférence de Copenhague sur le climat pour inaugurer une « coopération positive ». En réponse, le vice-premier ministre, Li Keqiang, a vanté « l'économie verte », synonyme de « plus de vitalité pour la croissance chinoise ». Rien de vraiment concret, mais assez pour que son interlocuteur considère avoir accompli la mission que lui a confiée Nicolas Sarkozy avant son départ pour Pékin : promouvoir la stratégie écologique française des contributions « différenciées » à la réduction des émissions de gaz entre pays riches et pauvres.
Dans son rôle de « représentant personnel » du président à l'étranger, l'ex-premier ministre prend soin de « ne commettre aucune faute ». « Le principe de base, c'est d'éviter que des différences apparaissent à l'extérieur », explique- t-il, en allusion aux commentaires de François Fillon qui, en marge de sa visite au Vietnam, avait critiqué l'absence de bilan de ses prédécesseurs à Matignon. Sur le territoire national, en revanche, le sénateur de la Vienne revendique « toute (sa) liberté ». « Il faut que chacun comprenne cette logique-là », ajoute-t-il. Il poursuivra le combat pour que la suppression de la taxe professionnelle ne se traduise pas par une « recentralisation » rampante, même s'il a eu un échange « sportif » avec Nicolas Sarkozy après avoir signé la pétition sénatoriale sur la réforme territoriale. Une initiative qu'il « approuve » mais qui suscite chez lui des interrogations : « Comment pourra-t-elle être acceptée par les élus des conseils généraux, qui sont notre base politique ? »
Comme nombre de dirigeants de l'UMP, il constate que les réformes en cours, « contrairement à celles du début du quinquennat », n'enthousiasment guère l'électorat de la majorité et craint que « les régionales ressemblent davantage aux municipales qu'aux européennes ». À moins que l'Élysée tienne compte des avertissements que les ténors de la droite, lui compris, ne cessent de lui adresser.
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