La ministre de l'économie, Christine Lagarde, entourée de quelques parlementaires et des dirigeants de vingt-cinq entreprises françaises, a terminé par Hongkong, vendredi 30 octobre, sa visite de trois jours en Chine. Un séjour qui avait pour but, selon Mme Lagarde, de " démontrer que la page - des tensions franco-chinoises - est bel et bien tournée ", faisant référence à la série d'incidents, notamment autour de la question tibétaine, qui ont envenimé les relations entre Paris et Pékin depuis dix-huit mois.
A Hongkong, la rencontre de Mme Lagarde avec son homologue John Tsang intervient au moment où divers grands travaux, faisant appel à des technologies dans lesquelles les entreprises françaises ont des compétences à offrir, sont en cours ou à l'étude. Notamment une ligne de train rapide de 170 kilomètres, principalement en tunnels, reliant Hongkong à Canton, et un immense pont-tunnel de 36 kilomètres reliant Hongkong à Macao et Zhuhai, sur l'autre rive du delta de la rivière des perles. " John Tsang m'a bien réaffirmé que les entreprises françaises étaient les bienvenues, notamment pour les projets à caractère environnemental : traitement des eaux et des déchets, utilisation des énergies renouvelables. Il a clairement dit qu'il attendait aussi beaucoup des entreprises françaises dans les infrastructures... ", a expliqué Mme Lagarde.
Pourtant, la part du lion serait d'ores et déjà attribuée aux entreprises chinoises, ces projets faisant partie du plan de relance du pays. " Nous prendrons chaque miette qui reste à prendre. Même si la Chine apporte le matériel roulant, nous pouvons offrir la signalétique, par exemple ", indique un proche de ces dossiers.
Maroquinerie
Hongkong, avec ses 7 millions d'habitants, n'est que le 33e client de la France. Pourtant, l'Hexagone enregistre de manière récurrente avec la " région administrative spéciale " un excédent commercial de l'ordre de 2 milliards d'euros, le 5e excédent mondial de la France et le premier en Asie. Si l'aéronautique vole la vedette aux sacs à main les années où Airbus livre des appareils, en temps normal la maroquinerie occupe le premier poste des exportations françaises. Juste après arrive le vin, dont les exportations ont augmenté de 22 %, bénéficiant de l'abolition de la taxe d'importation décidée dans le budget 2008. Les spiritueux, en revanche, ne jouissent toujours pas du même privilège, malgré le lobbying pressant du secteur.
Hongkong, où sont installées plus de 600 entreprises françaises, est aussi devenu la première destination des investissements directs étrangers (IDE) français en Asie, dont le stock cumulé était évalué, fin 2008, à 5,7 milliards d'euros. Une contribution qui reste toutefois modeste à l'aune des 835 milliards d'euros de stocks cumulés d'IDE à Hongkong. Une convention fiscale visant à éviter la double imposition et à partager l'information en cas de contrôle fiscal devrait par ailleurs faire loi, en France comme à Hongkong, tout début 2010.
Interrogée sur le modèle hongkongais, Christine Lagarde a répondu que " l'utilisation modérée des fonds publics a certaines vertus ". " On a beaucoup à apprendre d'un pays qui limite les dépenses publiques à 20 % de son PIB, a-t-elle ajouté. Je ne dis pas que c'est la panacée, mais je pense qu'on peut apprendre. En revanche, quand j'ai demandé à John Tsang quelles étaient les indemnités de chômage, il m'a répondu "les quoi ?" " Et d'ajouter : " C'est un modèle différent. "
Florence de Changy
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