Les 28 entreprises innovantes introduites vendredi sur le nouveau ChiNext de Shenzhen ont vu leur valeur s'envoler de manière irrationnelle. Les courtiers prédisent de sévères corrections dans les prochains jours.
Avant même le lancement, vendredi dernier, du ChiNext, le nouveau marché chinois inspiré du Nasdaq, Shang Fulin, le président de la Commission de la régulation boursière, avait appelé au calme les petits porteurs du pays. Surexcités par l'ouverture de cette nouvelle Bourse dédiée aux petites sociétés innovantes - souvent snobées par les banques d'Etat et contraintes d'aller se faire lister à l'étranger -, ils s'étaient rassemblés sur la place de Shenzhen. Ce marché « fait face à de forts risques de spéculation, d'échanges irrationnels et de manipulation »,avait mis en garde le responsable. En vain.
« Spéculation galopante »
Vendredi, au soir de la première journée de cotation du Chinext, la capitalisation de l'ensemble des 28 premières entreprises introduites sur la place avait plus que doublé, pour passer de 68,6 milliards de yuans (6,8 milliard d'euros) dans la matinée à 140 milliards de yuans (13,9 milliards d'euros) en fin d'après-midi.
Obligés d'intervenir à plusieurs reprises pour calmer l'appétit des investisseurs qui, envoûtés par la reprise de la croissance domestique, se précipitent souvent aveuglément sur les introductions, les régulateurs de la place ont ordonné, conformément aux règles du nouveau marché, des dizaines de suspension de cotation. Certains titres ont ainsi vu leurs échanges gelés à trois reprises, mais ont tout de même réussi à doubler, voire tripler leur valeur. Le fabricant de décodeurs et d'équipements télé, Chengdu Geeya Technology, a fini la journée en hausse de 210 %, quand les studios de cinéma Huayi Brothers Media, connus en Chine pour avoir réuni dans un même film Jacky Chan et Jet Li, ont terminé, eux, en progression de 148 %. Présentée comme le titre le moins performant de la journée, l'action de Nanfang Ventilator ne s'est envolée que de 75,8 %. « Presque toutes les entreprises ont vu leurs cours atteindre des valorisations excessives, reflet d'une spéculation galopante », a regretté vendredi soir, Zheng Weigang, le directeur des investissements chez Shanghai Securities.
Selon les calculs des analystes de Reuters, la moyenne des ratios de cours rapportés aux bénéfices (PER) pour les 28 sociétés introduites sur le ChiNext dépasse désormais 75 et pulvérise le ratio mesuré sur la place de Shanghai, elle-même déjà considérée comme « chère ». « ChiNext va avoir des débuts difficiles et il y a un danger de baisse des valeurs », a pointé Neil Katkov, l'un des consultants de la firme Celent. Comme lui, la plupart des courtiers du pays prédisent de sévères corrections dans la semaine sur le nouveau Nasdaq chinois, qui pourrait pourtant accueillir 100 sociétés supplémentaires dans les prochains mois.
Yann Rousseau
© 2009 Les Echos. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire