vendredi 27 novembre 2009

Pékin promet à son tour un effort sur ses émissions de CO2 - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20561 - International, vendredi, 27 novembre 2009, p. 7

Le gouvernement chinois a proposé, hier, de réduire de 40 à 45 % d'ici à 2020 son « intensité carbone ». Un engagement qui ne signifie pas une baisse des émissions de polluants, mais un ralentissement de la croissance des rejets.

YANN ROUSSEAU

La Chine n'aura attendu que quelques heures après l'annonce des Etats-Unis pour dévoiler, hier soir, sa propre stratégie de lutte contre le réchauffement climatique. Refusant toujours l'idée d'une réduction de ses émissions de gaz à effet de serre, finalement acceptée par Washington, Pékin a indiqué qu'elle était prête à s'engager, lors du sommet de Copenhague qui débute le 7 décembre, à réduire de 40 à 45 % d'ici à 2020, et par rapport à 2005, son « intensité carbone » . Avec ce serment qui correspond à une baisse de la quantité de gaz à effet serre rejetée pour chaque unité de PIB générée, le pays, qui s'est imposé l'an dernier comme le plus gros émetteur de CO2 de la planète, devrait progressivement freiner le rythme de hausse de ses rejets de polluants. « Il s'agit d'une action volontaire prise par le gouvernement chinois sur la base de la situation nationale et c'est une contribution majeure à l'effort mondial pour faire face au changement climatique », a expliqué, hier, le gouvernement, qui affirme ne pas pouvoir accepter de baisse de ses émissions tant qu'il n'aura pas achevé le développement économique de son territoire.

Comportement propre

Pour réduire l' « intensité carbone » du pays, le gouvernement a annoncé qu'il allait introduire de nouvelles politiques fiscales encourageant les comportements propres, travailler au développement de centrales au charbon moins polluantes, doper son parc de centrales nucléaires et poursuivre le développement des énergies renouvelables. Dépendant toujours à plus de 76 % du charbon pour générer son électricité, la Chine a déjà lancé un vaste plan de construction de barrages hydroélectriques sur ses grands fleuves et subventionne des spectaculaires projets éoliens et solaires dans les déserts du nord et de l'ouest du pays.

Avec cette prise de position, la Chine, qui est souvent accusée de bouder ses responsabilités de grande puissance, entend montrer qu'elle veut peser de tout son poids dans la négociation d'un accord remplaçant le protocole de Kyoto. Hier, un porte-parole du gouvernement a annoncé que Wen Jiabao, le Premier ministre chinois, se rendrait lui-même à Copenhague pour participer aux pourparlers et, probablement, réclamer le déblocage par les pays « développés » d'aides financières destinées aux pays en développement engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Si les experts saluaient, hier, l'engagement de la Chine, ils notaient que Pékin aurait pu se montrer un peu plus ambitieux. « C'est une annonce significative à un moment clef. Mais la Chine pourrait faire plus », résumait Ailun Yang, de Greenpeace China. Selon les calculs des analystes, le rythme de baisse de « l'intensité carbone » dévoilée par Pékin serait en fait en ligne avec le recul constaté ces dernières années dans le pays et ne devrait pas nécessiter d'efforts trop contraignants pour le gouvernement, dont la priorité première reste le maintien d'une croissance annuelle au-delà de 8 %.

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