À l'occasion de sa première rencontre avec le président Hu Jintao sur le sol chinois, Barack Obama devrait aborder six dossiers chauds.
Les conflits commerciaux
Même si les contentieux risquent de se multiplier, la grande guerre commerciale entre les deux pays ne devrait pas avoir lieu, estimait hier le très officiel China Daily. Aucune des deux parties n'a intérêt à ce que les choses dégénèrent, mais le combat est sérieusement engagé, à coups d'enquêtes et contre-enquêtes antidumping. Le tir s'est d'ailleurs nourri à l'approche de la visite de Barack Obama. Le 5 novembre, les Américains ont annoncé qu'ils allaient taxer les tubes d'acier chinois utilisés dans l'industrie pétrolière. Pékin a répliqué en lançant une enquête antidumping et antisubventions sur les voitures américaines, menace déjà brandie lors de la première escarmouche, quand Washington avait pris des mesures contre les importations de pneus chinois en septembre.
Le climat
Lors d'un entretien accordé à l'agence Reuters avant de s'envoler vers l'Asie, Barack Obama a souhaité la conclusion d'un accord-cadre entre les États-Unis et la Chine, « auquel tous les autres grands émetteurs, comme les Européens et des pays comme l'Inde, qui seront de grands émetteurs dans le futur, pourront adhérer ».
Le yuan
Après avoir un temps laissé planer la menace de statuer sur une « manipulation » de sa monnaie par la Chine, l'Administration Obama a renoncé à le faire. Mais le président américain est soumis à une forte pression de ses lobbies industriels qui s'insurgent contre une sous-évaluation importante et délibérée du yuan par Pékin. Le sommet de l'Apec a illustré les fortes tensions autour de ce dossier brûlant. Un temps apparue dans le projet de communiqué, la nécessité de maintenir des « taux de change orientés sur les marchés » a été supprimée de la déclaration finale. Tout reste donc à faire pour Barack Obama à Pékin.
Les relations militaires
Américains et Chinois se tendent la main tout en testant le bois de leurs épées. Il y a quelques mois, des incidents navals se sont produits en mer de Chine méridionale et Pékin exhorte l'US Navy à mettre fin à ses missions de « surveillance » devant ses côtes. De son côté, Washington continue à dénoncer l'absence de transparence militaire chinoise, alors que le budget de la défense croît à un rythme nourri et à deux chiffres depuis deux décennies, 14,9 % encore pour l'année 2009. La semaine dernière, Pékin a plaidé pour un renforcement de la coopération militaire entre les deux pays, « pour accroître la confiance stratégique mutuelle ». Des discussions à haut niveau entre militaires des deux pays se sont tenues en juin à Pékin et le n° 2 de l'armée chinoise, le général Xu Caihou, vient d'effectuer en octobre une inédite tournée américaine.
Les droits de l'homme
À la plus grande satisfaction de Pékin, qui craignait de sérieux chicayas avec une nouvelle Administration démocrate, l'équipe Obama a pour l'heure témoigné d'une approche peu agressive sur le sujet. Cette prudence américaine fait même l'objet de fortes polémiques aux États-Unis, où des ONG notamment se sont insurgées contre le profil bas de Hillary Clinton lors de sa première visite en Chine en février. La secrétaire d'État avait déclaré que cette question ne devait pas « interférer » avec les autres points de la relation entre les deux pays. La semaine dernière, Barack Obama a assuré qu'il évoquerait le sujet avec les dirigeants chinois, mais « sans rancoeur ». Selon des organisations des droits de l'homme, de nombreux militants chinois auraient été arrêtés par précaution avant sa visite.
Les grandes crises
Les deux présidents discuteront surtout de pays avec lesquels la Chine a des liens particuliers, la Corée du Nord et l'Iran essentiellement, mais aussi le Pakistan et la Birmanie. Principal soutien de Pyongyang, la Chine a été passablement irritée par les essais nucléaires nord-coréens et reste pour Washington le principal partenaire sur le dossier. La dernière volte-face conciliante de Kim Jong-il a ainsi été annoncée à l'occasion d'une visite du premier ministre, Wen Jiabao, à Pyongyang début octobre. Sur l'Iran, Washington tente de combattre les réticences de Pékin à de nouvelles sanctions sur le dossier nucléaire. À la mi-octobre, Wen Jiabao a affirmé que la Chine voulait renforcer sa coopération avec l'Iran, laissant entrevoir que Pékin ne souhaitait pas compromettre ses relations économiques, notamment dans le pétrole.
© 2009 Le Figaro. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire