jeudi 31 décembre 2009

Après la controverse sur l'exécution d'un Britannique, Pékin met en garde Londres

Les Echos, no. 20584 - International, jeudi, 31 décembre 2009, p. 8

YANN ROUSSEAU

Ulcéré par la Grande-Bretagne, Pékin a enclenché, hier, une campagne de riposte similaire à celle menée, en 2008, contre Paris lors de la crise tibétaine.

La tension diplomatique entre Londres et Pékin ne s'est pas apaisée, hier, au lendemain de l'exécution d'Akmal Shaikh, ressortissant Britannique. Ulcérées par les commentaires des hommes politiques et des médias anglais, les autorités communistes ont enclenché la riposte par le biais de leurs médias d'Etat et des forums d'internautes, dans une stratégie de défense similaire à celle mise en place contre la France en 2008 après la crise tibétaine.

Sur de nombreux forums où les messages sont filtrés par des censeurs, les internautes s'en prennent vivement au gouvernement anglais, qui mépriserait la souveraineté de la Chine. Activant la fibre nationaliste, beaucoup de commentaires rappellent que c'est l'Empire britannique qui, au XIXe siècle, précipita la Chine dans deux guerres pour pouvoir imposer le commerce de l'opium sur le territoire chinois, et enclencha, ainsi, une séquence toujours vécue dans l'inconscient chinois comme une humiliante décadence. Si aucun projet de sanction économique contre les intérêts britanniques n'est évoqué, le gouvernement a clairement menacé Londres de représailles. « Nous exprimons notre fort mécontentement et notre opposition aux accusations britanniques », a martelé Jiang Yu, la porte-parole de la diplomatie chinoise, avant d'appeler le gouvernement anglais « à rectifier ses erreurs et à éviter de détériorer les relations sino-britanniques ». « Nous espérons que la partie britannique ne créera pas de nouveaux obstacles dans les relations bilatérales », a-t-elle conclu.

Important partenaire commercial

Hier, les analystes estimaient que Londres pourrait être tenté d'étouffer la crise dans les prochains jours. Avec un commerce bilatéral mesuré à 45,6 milliards de dollars l'an dernier, la Grande-Bretagne est le 11e plus important partenaire commercial de la Chine dans le monde. Selon des statistiques britanniques, les entreprises anglaises seraient même les plus gros investisseurs dans le pays avec un montant global d'investissements cumulés estimé à 15 milliards de dollars au début de 2009.

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1 commentaires:

Anonyme a dit…

étouffer l'affaire pour ne pas altérer les relations (notamment commercial) entre les deux pays... et la valeur sacrée d'une vie humaine qu'est-ce qu'on en fait?...