En visite à Pékin, jusqu'à demain soir, pour relancer le partenariat stratégique avec le pouvoir chinois, le Premier ministre français va assister à la signature de plusieurs gros contrats pour des entreprises françaises. de notre correspondant à Pékin.
Officiellement, la page des différends est tournée. Après un an et demi de brouille politique, déclenchée par des propos de Nicolas Sarkozy sur la situation au Tibet puis alimentée par sa brève rencontre avec le dalaï-lama, Paris et Pékin comptent célébrer aujourd'hui et demain, à l'occasion de la visite dans le pays du Premier ministre, François Fillon, leur réconciliation. Pour se faire pardonner, Paris aura dû multiplier les gestes de bonne volonté, les missions de ministres et soigneusement évité d'évoquer tous les sujets bilatéraux épineux, tels que la multiplication des politiques protectionnistes en Chine ou les curieux déboires juridiques et financiers de Danone et Schneider. « Ne parlons plus du passé », tranchait dernièrement un diplomate français.
Voulant démontrer le rabibochage entre les deux pays, Matignon souligne que François Fillon ne va pas seulement s'entretenir avec son homologue Wen Jiabao mais doit aussi rencontrer le président Hu Jintao, le président de l'Assemblée, Wu Bangguo, et même le vice-Premier ministre, Li Keqiang, présenté comme l'un des futurs hommes forts du régime. « Nous préparons une année 2010 riche en événements, avec la visite présidentielle en Chine pour l'Exposition universelle de Shanghai et la visite de retour du président chinois au second semestre », se réjouit-on à Paris.
Si les autorités chinoises ont clairement boudé pendant plusieurs mois leurs homologues françaises et laisser s'organiser quelques opérations de sanctions commerciales des intérêts français ainsi que plusieurs campagnes médiatiques de dénigrement de Nicolas Sarkozy, elles n'ont, obéissant à leur habituel pragmatisme, jamais remis en cause les partenariats industriels dont leurs entreprises ont tant besoin pour développer leurs activités. Aujourd'hui, les responsables des deux pays vont d'ailleurs assister à la signature de contrats négociés, ces derniers mois, par les entreprises malgré le froid diplomatique. GDF Suez devrait ainsi dévoiler ce matin deux nouveaux accords, tout comme Thales. Safran, par le biais de sa coentreprise avec General Electric, va devenir le motoriste officiel du C919, le futur moyen-courrier chinois (lire page 22).
La coopération nucléaire sera mise à l'honneur, ce matin, au cours d'une cérémonie. Plusieurs PME françaises vont valider la vente pour 200 millions d'euros de matériel nécessaire à la construction des 2 réacteurs de troisième génération et Henri Proglio, numéro un d'EDF, va obtenir la licence d'exploitation de la coentreprise fondée par EDF et le chinois CGNPC afin d'assurer la construction puis l'exploitation de ces EPR. L'électricien français a investi 600 millions pour détenir 30 % du joint-venture. Egalement présente, Anne Lauvergeon, présidente d'Areva, va officialiser la vente pour 160 millions de pompes primaires pour les réacteurs de deuxième génération (CPR 1000) produites en partenariat avec Dongfang et tenter de faire progresser le colossal projet d'usine de retraitement et de recyclage du combustible usé.
YANN ROUSSEAU
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