Immobilier : Pékin veut calmer les prix - Yann Rousseau

Les Echos, no. 20571 - Entreprises et Marchés, vendredi, 11 décembre 2009, p. 19

Confirmant son inquiétude sur la qualité de sa reprise, le gouvernement chinois a indiqué hier qu'il allait prolonger plusieurs mesures de soutien à la consommation tout en essayant de désamorcer la formation des bulles spéculatives qui pourraient mettre en danger une relance durable.

Ravi de l'efficacité de ses aides au secteur automobile, qui ont permis au pays d'enregistrer sur les onze premiers mois de l'année la vente de 12 millions de voitures, le gouvernement a révélé qu'il allait, en partie, prolonger la baisse de la taxe d'achat sur les véhicules de cylindrée inférieure ou égale à 1,6 litre. Passée de 10 % à 5 % en janvier 2009, cette taxe sera fixée à 7,5 % l'an prochain. Les primes à l'achat de véhicules dits « propres » vont également être maintenues, tout comme les subventions à l'achat de petites voitures dans les zones rurales. Dans les campagnes, que le gouvernement affirme vouloir dorénavant privilégier, les subventions à l'équipement en électroménager vont aussi être conservées sur l'ensemble de 2010.

S'il s'attache à doper la consommation intérieure, qui ne représente que 37 % du PIB et peine à s'imposer en moteur relais des exportations et des investissements, le gouvernement veut parallèlement calmer l'enthousiasme de certains secteurs menacés par la spéculation. Inquiètes de l'envolée soudaine du prix du mètre carré dans plusieurs villes de la côte est, les autorités ont annoncé hier que les particuliers propriétaires d'appartements ou de maisons devront désormais, s'ils veulent profiter d'une exemption de la taxe sur la vente d'immobilier, conserver leur bien au moins cinq années avant de le remettre sur le marché. Auparavant, l'exemption de cette taxe de 5,5 % était possible au bout de deux années seulement.

Réagir sans effrayer

« Le gouvernement se retrouve clairement face à un dilemme. Il veut réagir à la hausse des prix de l'immobilier et aux inquiétudes sur la constitution d'une bulle, mais n'ose toutefois pas prendre des mesures trop radicales de peur de trop effrayer le marché », analyse Clement Luk, un expert de Centaline Property Agency. Comme nombre de professionnels du secteur, il note que le marché s'était préparé à la mise en place de mesures plus fermes par les autorités qui auront finalement choisi de ménager un secteur de la construction jugé clef pour la santé économique du pays. En réponse aux quelques médias qui osent dénoncer l'étonnante poussée du prix des appartements dans les mégapoles de l'Est, le gouvernement a promis de soutenir la construction de logements bon marché.

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