Après des années d'intense lobbying, le chef de l'Etat chinois a pu célébrer hier une victoire de sa diplomatie sur les puissances concurrentes européenne et russe lorsqu'il a présidé, au milieu de la campagne turkmène, la cérémonie de mise en service d'un gazoduc de 1.800 kilomètres reliant les champs gaziers d'Asie centrale à la province chinoise du Xinjiang. Ayant réussi à réunir l'ensemble des dirigeants des pays traversés par ce pipeline - le Turkménistan, l'Ouzbékistan et le Kazakhstan - le responsable chinois a loué ce « projet clef pour tous les pays » de la région et assuré que le monde entier avait désormais les yeux braqués sur cette nouvelle coopération. Ce gazoduc qui va, à terme, permettre de fournir, chaque année, à la Chine 40 milliards de mètres cubes de gaz naturel « redonne vie à la route de la soie », a commenté, de son côté, Gourbangouly Berdymoukhamedov, le président turkmène qui cherche à casser la dépendance de son économie à la seule demande russe.
Jusqu'à l'inauguration de ce projet, la Russie disposait d'un quasi-monopole sur les exportations de gaz turkmène, qui se font par le biais de son réseau de gazoducs datant de l'époque soviétique. Mais une explosion survenue en avril sur un gazoduc reliant les deux pays a dégénéré en différend politique entre Moscou et Achkhabad, qui continue de chercher des itinéraires d'exportation alternatifs.
Gestes de bonne volonté
Pour contrer l'influence russe ainsi que les campagnes de séduction des pays européens, qui rêvent, eux, d'une voie d'exportation occidentale du gaz turkmène, la Chine a, ces dernières années, multiplié les gestes de bonne volonté à l'égard des nations d'Asie centrale. Dimanche, Hu Jintao avait ainsi annoncé que la China Export and Import Bank allait débloquer de nouveaux prêts à taux préférentiels aux entreprises turkmènes travaillant notamment dans l'industrie pétrolière et gazière. Pékin qui a déjà financé les travaux sur le champ gazier de Bagtyyarlyk, qui alimentera le nouveau pipeline, avait débloqué, l'été dernier, un prêt de 3 milliards de dollars pour accélérer le développement du champ de Yolotan Sud, non loin de la frontière afghane, qui est déjà présenté comme l'un des cinq plus grands au monde.
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