Pas contents du tout, les Chinois. Premiers importateurs de fer et producteurs d'acier au monde, ils pensaient pouvoir faire, sinon la pluie et le beau temps, du moins le prix du minerai de fer le plus bas possible.
Au printemps, désireux d'obtenir des mineurs un rabais de 45 % pour cause de crise, ils avaient dû refuser de signer un contrat annuel avec trois géants : le brésilien Vale et les anglo-australiens Rio Tinto et BHP Billiton ne voulaient pas en rabattre de plus de 33 % environ, à 60 dollars la tonne.
L'arrestation pour espionnage commercial de quatre cadres de Rio Tinto à Shanghaï en juillet - où ils sont toujours embastillés - n'a pas fait revenir les mineurs sur leur résistance forcenée.
Pékin s'est donc fourni sur le marché au comptant, dans un premier temps plus avantageux. Mal lui en a pris : les 100 dollars y ont été dépassés au début de ce mois, et les 106 dollars, le 17 décembre.
Une mauvaise nouvelle n'arrivant jamais seule, les analystes parlent d'une hausse de 20 % à 30 % pour 2010, parce que la Chine a importé, en 2009, environ un tiers de minerai de plus qu'en 2008. Une année de récession mondiale, il fallait le faire !
D'autre part, l'Inde, qui était jusqu'à présent autosuffisante en fer, vient d'acheter quelques bateaux de ce minerai à l'Australie, signe que les hauts fourneaux y sont repartis de plus belle, malgré des surcapacités mondiales évidentes.
Cela promet de ne pas s'améliorer à moyen terme pour les affaires chinoises. Rio Tinto et BHP Billiton ont décidé de mettre en commun leurs mines de fer pour économiser une dizaine de milliards de dollars américains par an.
Le directeur de China Iron and Steel Association, Ma Guoquiang, y a vu, dans un communiqué publié par la presse chinoise jeudi 17 décembre, " une forme de monopole menaçant la compétition loyale et qui pourrait provoquer une augmentation irrationnelle du prix du minerai de fer ".
Pékin sonne donc le tocsin et appelle à former une sainte alliance avec les autorités de la concurrence européenne... ou australienne, qui auront à donner leur blanc-seing à ce rapprochement.
On peut tirer deux leçons de cette dispute : 1/" Les contrats annuels sont de plus en plus difficiles à négocier, compte tenu de la volatilité des marchés ", constate Guillaume Perret, directeur de Perret Associates à Londres. 2/La Chine, qui rationne ses exportations de métaux rares, oublie ses propres turpitudes commerciales.
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