mercredi 9 décembre 2009

Le président taïwanais se trouve en difficulté - Dorian Malovic

La Croix, no. 38532 - Portrait, mardi, 8 décembre 2009, p. 6

Ma Yin-jeou Président de la République de
Chine (Taïwan). Les élections municipales, ce week-end, à Taïwan, ont montré que la politique de rapprochement avec la Chine continentale engagée depuis un peu plus d'un an par le président Ma Yin-jeou, du Kuomintang, effraie une bonne partie de l'électorat.

Élu président l'année dernière en faisant la promesse de redresser l'économie de Taïwan et de lancer une politique audacieuse de rapprochement avec Pékin, Ma Yin-jeou vient de trébucher ce week-end pour son premier test électoral à presque mi-mandat. Son parti, le Kuomintang, préserve certes l'essentiel de ses acquis, avec 12 villes remportées, mais n'a pas pu gagner de villes nouvelles pour ce scrutin municipal à forte portée nationale. Il a perdu la ville d'Yilan, dans le nord-est, au profit du Parti progressiste et démocratique (DPP).

Samedi soir, aussitôt connus les résultats du scrutin, le président Ma Yin-jeou a reconnu qu'il fallait réfléchir « aux avertissements lancés par les électeurs ». Il a promis d'améliorer les performances de son gouvernement sur le plan économique.

Âgé de 59 ans, Ma Yin-jeou est né à Hong Kong. Il a été baptisé enfant au sein de l'Église catholique, mais ne pratique pas. Ancien traducteur d'anglais du président Chiang Ching-kuo dans les années 1980, il a étudié le droit aux États-Unis. Il est marié et père de deux petites filles. Il a fait toute sa carrière politique au sein du parti nationaliste Kuomintang, qu'il a pourtant gagné à l'idée d'un rapprochement avec la Chine continentale. Il a exercé les postes de ministre de la justice, de 1993 à 1996, puis de maire de Taïpei, la capitale de l'île de Taïwan, de 1998 à 2006. À ce poste, il a été surnommé « le pot de Téflon », tant il s'est montré habile à préserver son image de toutes les controverses qui glissaient sur lui sans laisser de traces...

À la veille d'un scrutin très incertain, le président Ma avait fait une campagne frénétique dans tout le pays pour défendre sa politique chinoise et ses choix économiques. Mais sa cote de popularité a chuté à 30 % d'opinions favorables ces dernières semaines, contre 70 % au lendemain de sa prise de fonction en mai 2008.

Son image d'homme non corrompu a très vite disparu, à cause de sa politique de rapprochement intense et rapide avec Pékin qui a effrayé une partie de l'opinion publique. Celle-ci redoute ce que le DPP appelle « la vente de Taïwan à la Chine ». Le DPP a critiqué le prochain accord de libre-échange avec la Chine continentale, jugé comme une « perte de souveraineté » et une menace pour les emplois. La République populaire de Chine considère toujours Taïwan comme une province chinoise qu'elle s'est juré de « récupérer », alors que l'île de Taïwan n'a cessé ces dernières années d'affirmer son identité propre, sans toutefois déclarer son indépendance, un pas que Pékin prendrait comme une « provocation ouvrant la possibilité d'une guerre ».

Ayant dû faire face à la crise financière internationale qui a touché Taïwan, le président Ma a dû aussi affronter le terrible typhon Morakot, en août dernier, qui a fait 700 victimes dans le sud du pays. Bouleversée par cette tragédie, l'opinion publique a critiqué un gouvernement jugé trop passif et pas assez réactif face au drame. Depuis, plus d'un milliard de dollars (675 millions d'euros) a été alloué au processus de reconstruction, qui avance vite, mais qui a été lancé un peu tard par rapport au scrutin de ce week-end.

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