Rusal a enduré un nouveau report de la décision du gendarme de la place financière de Hong Kong sur son introduction en Bourse. Désormais, la première cotation des actions de Rusal ne devrait intervenir que courant premier trimestre 2010. Le groupe nomme deux Chinois influents à son conseil d'administration.
Le régulateur du marché de l'ancienne colonie chinoise du Royaume-Uni se montre exigeant. Alors que dans l'entourage de Rusal on considérait encore il y a peu que l'introduction simultanée en Bourse à Paris et à Hong Kong avant la fin de l'année de 10 % de son capital était un objectif atteignable, la donne a changé depuis lundi.
Le gendarme de la place de Hong Kong a en effet exigé que le premier producteur mondial d'aluminium verse davantage d'éléments au dossier d'introduction. Le règlement de la problématique de la dette (16,8 milliards de dollars d'endettement net pour une valorisation de la société de l'ordre de 25 milliards de dollars) n'a donc pas suffi à convaincre le comité spécial chinois chargé d'autoriser l'opération.
La place de Hong Kong joue beaucoup de sa crédibilité internationale sur cette introduction, censée être la première d'une série d'autres de firmes étrangères de grande taille. Il est donc normal et même rassurant que, face à la complexité du dossier, les régulateurs asiatiques prennent tout le temps nécessaire.
A Paris, où le dossier est plaidé par les banques françaises, l'Autorité des marchés financiers (AMF) reste silencieuse. Près de 22 % de la dette en dollars de la société russe (1,6 milliard de dollars) relève d'établissements financiers hexagonaux, BNP Paribas en tête.
Intérêts stratégiques
Afin de convaincre l'autorité de surveillance de la Bourse de Hong Kong hier, le groupe dirigé et contrôlé par le magnat Oleg Deripaska a nommé deux nouveaux membres indépendants à son conseil d'administration. Une nomination politique en la personne d'Elsie Leung Oi-Die, « précédemment secrétaire à la justice et membre du conseil exécutif du gouvernement de la région administrative spéciale de Hong Kong (HKSAR) ». Depuis 2006, « elle exerce également les fonctions de directrice adjointe du Comité de la loi fondamentale de la HKSAR du Comité permanent du Congrès national du peuple de la République populaire de Chine », spécifie le communiqué de Rusal.
Une nomination d'une personnalité de marché, Barry Cheung Chun-Yeun, le président du Hong Kong Mercantile Exchange, membre très actif de l'establishment de l'ancienne colonie britannique. Oleg Deripaska a expliqué ces nominations comme étant « un choix idéal » pour sa firme « compte tenu des intérêts stratégiques à long terme de Rusal en Chine et en Asie ». Indépendants de Rusal, ces deux nouveaux administrateurs le sont certainement. Il est moins sûr qu'ils le soient de Pékin et du gouvernement de Hong Kong.
Nouveau retard
Quoi qu'il en soit, le nouveau retard infligé par le régulateur asiatique à l'introduction en Bourse du numéro un mondial de l'aluminium reporte au premier trimestre 2010 sa première cotation. Dans l'entourage de Rusal, on souligne désormais que la période de la fin d'année n'est pas des plus propices pour se faire lister.
On ajoute que ce délai supplémentaire fera émerger davantage le potentiel de hausse des prix du métal gris, dissipant les doutes d'un grand nombre d'observateurs. Ce qui est certain est que le groupe russe n'a plus un besoin pressant de collecter 2 à 2,5 milliards de dollars via l'émission de nouvelles actions. Ses créanciers lui ont fait des conditions de restructuration de sa dette qui lui évitent tout risque d'asphyxie pour les douze mois à venir.
MASSIMO PRANDI
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